Gundam Wing Fan Fiction ❯ Prince de mes rêves ❯ Chapter 1

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Prince de mes rêves

par Erynna

1. Celui qui venait de rompre

- Et ensuite, maman ?
- Ensuite ? Eh bien il a ôté son manteau fait des peaux de mille bêtes, celui que sa mère lui avait cousu avant qu'il ne parte à l'aventure, et toute la cour a pu voir qu'il était le véritable prince. Le méchant roi fut puni et jeté aux oubliettes...
- Qu'est-ce que c'est, oubliettes ?
- Une prison si tu préfères, mon chéri.
- Oh. Et qu'est-ce qui s'est passé, après ? Est-ce que le prince a retrouvé sa fiancée de la forêt ?
- Le prince est monté sur le trône. De grandes fêtes ont été célébrées pour son retour. Mais malgré sa joie d'être parmi les siens, il ne pouvait oublier sa gentille fiancée de la forêt qui l'avait si aimablement hébergé. Il est donc parti sur son cheval dans les bois.
- Jusqu'à la cabane de la fiancée ?
- Oui, et c'est là qu'il l'a retrouvée. Il l'a ramenée avec lui sur son cheval...
- Et il l'a épousée ?
- Bien sûr qu'il l'a épousée ! Et ils ont eu de nombreux enfants et ont vécu heureux jusqu'à la fin de leurs jours.
Le petit garçon papillonna des paupières, gagné par le sommeil. Il s'enfonça un peu plus dans les chaudes couvertures de son lit et cala sa tête contre l'oreiller de plumes.
- J'aime tes histoires, maman, murmura-t-il d'une voix endormie. Je peux en avoir une autre ?
- Oh non, je ne crois pas ! fit sa mère en souriant. Regarde, tu tombes de fatigue.
Elle remonta les draps sur le corps de son fils, écarta les épaisses mèches brunes qui tombaient sur son visage et déposa un affectueux baiser sur son front.
- Il est temps d'accueillir le marchand de sable, Heero.
- Est-ce que... moi aussi... j'aurai un prince ? demanda Heero entre deux bâillements.
- Tu veux dire une princesse, n'est-ce pas ? s'enquit sa mère, peu sûre d'avoir bien entendu.
- Non... je veux pas d'une princesse... Je veux un prince, comme celui de l'histoire...
- Hum... On verra, mon chéri.
- Un prince... chuchota Heero, aux lisières du sommeil. Et c'est pas grave s'il a pas de cheval... juste le super bazooka de Terminator... ce sera bien aussi...
Sa mère le regarda sombrer dans le pays des rêves, légèrement amusée.

* * *

~Quinze ans plus tard~

Lorsque Wufei revint de son cocktail et entra dans la demeure qu'il partageait avec Treize Khushrenada, son amant et accessoirement éditeur, il fut étonné de trouver la maison plongée dans le noir. D'habitude, Treize l'attendait dans le salon, la télévision allumée jouant un vieux film des années cinquante ou un livre ouvert sur les genoux, et lui-même profondément endormi. Wufei soupira, se débarrassa de sa veste et monta à l'étage, où se trouvait leur chambre. Une pointe de déception dans le regard, il traversa l'escalier et le couloir, ralentit devant la salle de bains puis se dit qu'il valait mieux voir si Treize n'était pas déjà au lit. Le souvenir d'une conversation avec Melissa, la secrétaire de Treize, lui revint soudain en mémoire. Il avait ri des inquiétudes de la jeune femme, refusant d'envisager une seule seconde qu'elle eût raison. Non. Il secoua doucement la tête, ouvrit la porte...
Et fut littéralement assailli par le spectacle de son amant entortillé dans les couvertures avec l'un des nouveaux assistants... un de ceux qu'il avait personnellement recommandés, se blâma-t-il en son for intérieur.
Treize fut le premier à revenir de sa stupéfaction. Il agrippa le drap pour l'enrouler autour de son corps nu et tenta de se lever en conservant sa dignité. En vain.
- Dragon, je... je peux tout expliquer ! balbutia-t-il avant de glisser sur le parquet.
- Expliquer quoi ? éclata Wufei, les poings serrés. Il n'y a rien à expliquer !
- Je sais que ça a l'air de ce que tu crois que c'est, mais ce n'est vraiment pas ce que tu crois...
- J'ai fini de croire, Treize. Tout est très clair, maintenant.
- Je ne pense pas...
- Oh, tu veux que je te dise, moi, ce que je pense ? continua Wufei en redescendant d'un pas furieux, suivi tant bien que mal par Treize. Je pense que tu n'es qu'un salaud qui me mène en bateau depuis le début, qui n'a aucun scrupule à faire de belles promesses et de jolis mensonges mais qui s'envoie en l'air avec le premier crétin venu dès que j'ai le dos tourné !
- Dragon... Fei... Je t'en prie, il faut m'écouter ! Les apparences sont contre moi...
Wufei se tourna brusquement vers lui.
- Ecouter quoi ? Encore des mensonges ? Combien m'en as-tu servi depuis que nous sommes ensemble ?
- Fei...
- Comment as-tu pu me faire ça...
Les épaules du jeune homme s'affaissèrent.
- J'avais mis toute ma confiance en toi... Et... je croyais... je te croyais... lorsque tu disais n'aimer que moi.
- Je t'aime toujours, Dragon, déclara Treize en une tentative de reprendre le contrôle de la situation.
- Ne m'appelle plus comme ça... Et comment peux-tu dire ça alors qu'un autre homme se trouve en ce moment dans notre lit ? Melissa avait raison. Quel idiot j'ai été...
- Que veux-tu dire ? fit Treize, se demandant ce que venait faire sa secrétaire dans la conversation.
- Elle t'a vu ! Elle t'a vu flirter avec ton assistant ! Je ne l'ai pas cru...
- Et tu as bien fait de ne pas croire cette vipère, Fei ! Demain, je fais virer Melissa, marmonna-t-il un ton plus bas.
Wufei lui lança un regard méprisant.
- On rejette la faute sur les autres, n'est-ce pas ? dit-il d'une voix amère. Comment ne l'ai-je pas vu, ça non plus ? Quand on dit que l'amour rend aveugle...
Il récupéra sa veste et traversa le vestibule, saisissant les clés de la voiture au passage.
- Où vas-tu ? s'enquit Treize, légèrement effrayé pour la sécurité de Wufei.
- Pourquoi t'en soucierais-tu ? Va retrouver ton assistant.
- Je me fiche de lui. C'est pour toi que je m'inquiète. Est-ce que tu rentres bient...
- Je ne sais pas. La seule chose qui m'importe à présent, c'est de ne plus t'avoir en face de moi.
Il sortit en claquant la porte et se dirigea vers la voiture. Une fois à l'intérieur du véhicule, le jeune homme posa son front contre le volant, s'obligeant à ravaler ses larmes.
- Quel con, mais quel con ! répéta-t-il entre ses dents.
La colère, la tristesse et la déception se bousculaient dans son esprit.
Tout semblait si parfait, à peine quelques heures plus tôt. Oui, Treize Khushrenada était son employeur. Oui, il traînait derrière lui une réputation de séducteur impénitent. Oui, il était bien plus vieux que lui... Mais l'amour comptait-il les années ? Se souciait-il des différences sociales, des erreurs passées et des bruits qui n'étaient, pensait-il, que pures médisances ?
Il réprima un frisson en mettant le contact.
Treize l'avait-il jamais aimé ? De son côté, il n'avait aucun doute sur ses sentiments, mais quant à l'autre... il était toujours si difficile de savoir ce que pensait réellement l'éditeur.
- Peut-être était-ce notre problème... je ne l'ai jamais vraiment compris. Je n'ai d'ailleurs jamais cherché à le comprendre.
Ses mains se crispèrent sur le volant tandis qu'il sortait dans l'allée vaguement éclairée.
- Ressaisis-toi, tu ne vois pas que tu es en train d'essayer de l'excuser ! Il t'a volé ton cœur, l'a brisé, l'a piétiné et pour finir en a fait des confettis ! Sois fort, plus fort que lui... Ne le laisse pas te mettre plus bas que tu ne l'es déjà. C'est lui le salaud, pas toi.
Malgré tout, il ne pouvait s'empêcher de se demander pourquoi Treize l'avait trahi. Etait-ce sa faute ? Avait-il fait quelque chose de mal pour que l'autre homme ait eu envie de le remplacer ? Plus son esprit s'emballait, plus il lui semblait que Treize venait de le rejeter et de lui montrer que lui, Chang Wufei, ne méritait pas d'être aimé...
Il s'arrêta quelques minutes plus tard près d'un bar. Fouillant la poche de sa veste, il attrapa son téléphone portable et composa le numéro de son meilleur ami.
// Allô ? //
- C'est fini, souffla-t-il à travers l'appareil en entrant dans le bar.
// Wufei, c'est toi ? //
- Mm mh. Je viens de partir de chez Treize. C'est fini...
// Oh Fei, je suis désolé. //
- Pas autant que moi.
// Que s'est-il passé ? //
- Tu ne vas pas me croire. Je l'ai trouvé au lit avec le nouvel assistant.
Il eut presque l'impression de voir son interlocuteur grimacer.
// Désolé que ça se soit passé de cette manière. Mais tu sais ce qu'on dit... //
- Oui, mieux vaut que je m'en rende compte avant qu'il ne soit trop tard, fit-il d'une voix dont la gaieté sonnait si faux qu'elle en était douloureuse.
// Est-ce que ça va aller ? //
- Je survivrai.
Du moins j'espère...
// Ecoute, si tu veux venir dormir ici, tu sais que tu es le bienvenu... //
- Merci Duo, mais pour le moment, j'ai juste envie d'être seul, d'accord ?
// Où es-tu ? //
- Dans un bar quelconque...
// Ne fais pas de bêtises. //
- Tu me connais.
// Justement. Fais attention, s'il te plaît. Ou plutôt, viens chez nous. //
- Je te l'ai dit, je préfère être seul. Par ailleurs, Hilde et toi devez être couchés à l'heure qu'il est.
// Laisse tomber, Fei ! Ça m'ennuie vraiment de te savoir dehors alors que... //
- Je te rappelle demain.
// Non, Wu... //
Il éteignit le portable et le regarda longuement tandis que le barman lui apportait une boisson.

* * *

Reposant son verre sur le comptoir, Heero laissa son regard errer sur les environs. Il était près de deux heures du matin, les danseurs sur la piste se faisaient de plus en plus nombreux. Des hommes, des femmes, parmi lesquels dépassait ici et là la coiffure extravagante et colorée d'une drag-queen... La musique était forte et hypnotique, chaque rythme correspondant aux battements de son cœur. Des couples de tout bord commençaient à se former... Frôlements, étreintes...
C'était au milieu de cette foule agréablement disparate qu'il aperçut la silhouette menue de Quatre Raberba Winner. Le jeune homme s'adonnait à la danse avec enthousiasme... un peu trop d'enthousiasme, songea Heero lorsque le blond se mit à se déhancher de manière très suggestive, la tête renversée en arrière et le rire aux lèvres. Il portait un pantalon lamé d'argent qui accrochait la moindre lumière, ainsi qu'un étroit T-shirt de couleur rose pâle. De loin, Quatre respirait la fraîcheur et l'innocence de la jeunesse. De près... l'inscription "Bitch" qui ornait son haut le démentait d'une façon plutôt brutale.
Une main posée sur son épaule l'arracha à sa contemplation. Il se tourna vers Trowa Barton.
- Je ferais mieux d'y aller, fit le jeune homme aux yeux verts.
Aucun son n'était sorti de sa bouche. Le vacarme ambiant n'aurait de toute façon pas permis à Heero de l'entendre. Bénie soit la capacité de lire sur les lèvres !
Heero acquiesça silencieusement et Trowa se leva. Avec une grâce féline, presque prédatrice, il rejoignit le blond et enlaça sa taille par-derrière. Revenu de sa surprise, Quatre éclata de rire et se blottit contre son amant, non sans l'avoir auparavant gratifié d'un baiser passionné. Au bout de quelques minutes, Quatre le prit par la main et l'entraîna vers l'un des podiums. Trowa jeta un regard suppliant en direction de Heero, qui se contenta de lui renvoyer un sourire moqueur. Finalement, les deux hommes se retrouvèrent deux mètres au-dessus de la foule, exposés aux regards et aux sifflements admirateurs que la musique était incapable de couvrir.
Une nouvelle gorgée d'alcool vint lui brûler la gorge. Il ne pouvait s'empêcher de les envier. L'attachement et l'affection qu'ils se témoignaient, chacun à sa manière, avait de quoi faire rêver... surtout lui, Heero Yuy, en quête du prince charmant et du grand amour depuis que "celui dont il fallait taire le nom en sa présence" l'avait plaqué, six mois plus tôt. Six mois qu'il avait passés à se morfondre auprès de sa sœur. Six mois qu'il abreuvait Trowa et Quatre de ses récriminations contre l'humanité toute entière. Six mois que ses soirées se soldaient par le visionnage de la trilogie Die Hard... bref, six mois qu'il n'avait pas senti dans ses bras la chaleur d'un être aimé.
La faute revenait entièrement à Quatre s'il était en train de regarder ses amis s'amuser, accoudé au bar avec la lie de l'humanité... c'est-à-dire un poivrot qui ressemblait trait pour trait à son propre père et un ado boutonneux trop timide pour décoller ses fesses de sa chaise. Quatre l'avait poussé hors de son appartement (avec l'aide de Trowa bien sûr), lui avait fait son sourire irrésistible et l'avait finalement traîné jusqu'à ce club, prétextant qu'il était temps de tourner la page et de prendre un peu de bon temps.
- Six mois de deuil pour... hum, "tu sais qui", tu ne trouves pas ça un peu excessif ? avait demandé le blond sans attendre vraiment de réponse.
- Surtout six mois d'abstinence... avait ajouté sa sœur, la voix basse et dégoulinante de cynisme.
- Toi qui ne parles que du grand amour, penses-tu le trouver entre de vieux magazines et tes chaussettes sales ? Sors un peu, Heero ! avait continué Quatre. Viens avec nous !
- Et même si tu ne tombes pas sur le prince charmant, dis-toi qu'au moins tu te seras envoyé en l'air, fit sa sœur, toujours pratique. Après ça, tu seras peut-être moins grincheux et éviteras de me taper sur le système...
Secouant doucement la tête, il retourna à son observation. Cela lui faisait mal de l'admettre, mais sa sœur avait raison. Sa chasteté forcée commençait à se refléter sur son humeur. Peut-être qu'avec un peu de chance, il ne finirait pas la nuit tout seul...
Son vœu fut soudain exaucé lorsque ses yeux tombèrent sur la plus appétissante paire de fesses qu'il eût jamais vues. Chaque trémoussement de leur possesseur accentuait leurs courbes ; Heero pouvait presque entendre le cuir noir du pantalon glisser contre les hanches minces et les jambes visiblement musclées. Le danseur leva brusquement les bras, laissant apparaître une large portion de peau dorée au-dessus de la taille... et puis la chemise bleu sombre - la couleur de mes yeux, songea-t-il. Signe du destin ? - revint en place. Il remarqua, à son plus grand plaisir, que sa texture transparente évitait à son imagination de prendre le relais. Une lueur affamée étincela dans ses prunelles. Ce garçon possédait un corps dont chaque parcelle semblait supplier d'être caressée. Mais lorsque le danseur se tourna vers lui, suivant toujours le tempo et la mélodie, son cœur manqua trois battements. Heero se retrouva, malgré la distance, fasciné par ce visage adorable et indéniablement asiatique, encadré de mèches sombres et soyeuses, comme transfiguré par la lumière des projecteurs. D'immenses yeux noirs en amande, un petit nez droit et fier, des pommettes hautes, des lèvres humides et entrouvertes, faites pour les baisers...
Mes baisers, peut-être... se dit-il en se levant du siège qu'il n'avait pas quitté depuis son arrivée.

* * *

Wufei n'avait pas la moindre idée de l'endroit où il se trouvait et s'en moquait royalement. L'alcool aidant, il s'était peu à peu débarrassé de son sentiment de culpabilité pour ne conserver qu'une haine sans fin à l'encontre de Treize.
Salaud ! criait son esprit embrumé par les vapeurs alcoolisées. Alors comme ça tu penses que je ne vaux pas la peine d'être aimé ? Soit... fini l'amour et ses faiblesses... fini le pauvre Wufei au cœur brisé... à partir de maintenant, ce seront les autres qui souffriront à cause de moi... le contraire n'arrivera plus jamais... Je te le jure, Treize.
Il ferma un bref instant les yeux, espérant confusément que la foule l'engloutirait et lui ferait oublier combien, tout au fond de lui-même, il se détestait. Son corps se laissa enfin porter par les mouvements de partenaires fugaces et invisibles, le plus souvent caresses aguicheuses mais sans importance. On le désirait encore, même après ce qui venait de lui arriver... très bien. Cette nuit n'appartiendrait donc qu'au désir.
Des bras puissants se refermèrent autour de sa taille. Wufei lâcha un soupir surpris et quelque peu mécontent. Qui osait se permettre...
Il battit des paupières, n'apercevant d'abord que des cheveux bruns en bataille, des yeux d'une étrange couleur bleu sombre et un sourire en coin, presque hésitant.
Ainsi c'est moi que tu veux... et tu penses m'avoir attrapé, n'est-ce pas ? Tant pis pour toi ! Tu seras la première victime du nouveau Chang Wufei...

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