Role Playing Fan Fiction ❯ La jeune fille et le dieu ❯ le fer, le bois et l'eau ( Chapter 1 )

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LA JEUNE FILLE ET LE DIEU
 
 
Avertissement : je ne possède rien sauf Sakura Kusanagi.
 
Notes : mon personnage est directement inspiré d'une série animée appelée les 12 royaumes. Le personnage principal, appelée Youko, est l'exemple parfait de l'exilée inter-dimensionnelle.
 
 
Chapitre 1 : Le fer, le bois et l'eau.
 
Le décor de la chambre était simple : Une grande fenêtre aux lourds rideaux de velours donnant sur un balcon, des murs bleus pastels et un plafond blanc éclairé normalement par une grande lampe halogène qui était actuellement éteinte permettant à la jeune fille de continuer son sommeil.
 
Sur les murs quelques grands noms de la musique classique et des sciences regardaient posément les quelques meubles qui ponctuaient la chambre : Une grande armoire massive patinée par les années, une chaise d'osier, un grand miroir plan, une vanité, un bureau de bois d'acajou et un grand lit typique de l'ouest avec une petite table de chevet.
 
La jeune fille était belle, très belle même. Les draps blancs moulaient à la perfection son corps mince et l'oreiller de couleur rose pastel ne faisait que renforcer l'éclat de ses longs cheveux écarlates. `Amusant' semblait penser le poster d'Einstein `une asiatique aux cheveux roux'. `Chut' fit Mozart `laissons-la dormir, elle rêve encore'.
 
En effet sous ses paupières les yeux de la jeune fille tournaient dans tous les sens, preuve de l'activité cérébrale propre aux rêves.
 
Un rire cristallin, une respiration rapide et un cœur qui se tend vers l'infini. Une pluie d'étoiles filantes passa en sifflant, éclairant le curieux groupe. Une japonaise de petite taille, la longue chevelure de feu flottante au vent, les yeux verts pétillant de joie, s'accrochant au cou de l'immense bête de près de six mètres de long. Le grand dragon asiatique Chiang-Ku (dragon de type asiatique. Créateurs des tatous magiques et protecteurs du bien.) tourna la tête vers elle, ses grands yeux de saphir couvant l'écolière de chaleur bienveillante, ses écailles verte émeraudes réfléchissait la lumière ambiante en de multiples arcs de camaïeux. Dansant une gigue millénaire autour d'eux, son rire si semblable à milles clochettes, la petite fille, Chérub (esprit de lumière incarné) blonde aux yeux ambrés volait d'audace en frôlant de ses ailes de cygne ceux qu'elle chérissait.
 
L'équipée sauvage fonçait aux cœurs des galaxies, s'enfonçant dans l'immense beauté de l'éternité. Mêlant sa voix au choeur angélique et draconique, la jeune fille chantait un chant aussi ancien que la plus vielle des étoiles avec la clarté et l'enthousiasme propre à sa jeunesse et son entrain. Autour d'eux le mouvement céleste bondit sur chaque rythme, inspirant et expirant avec la chanteuse, jusqu'à ce qu'on ne puisse plus distinguer le mouvement du dragon et de ses passagers de celui de l'univers.
 
Puis aussi soudainement que l'on aurait abaissé un interrupteur, tout disparu dans un noir presque total. Les trois amis arrêtèrent leurs facéties et le visage grave tournèrent leur attention vers l'unique source de lumière qui restait. Il était difficile de la décrire : un feu d'immenses flammes d'or liquide bondissant de part et d'autre d'un grand anneau concentrique de pure énergie blanche flottant dans le néant. Les flammes pulsèrent à l'approche des compagnons et se répandant dans les ténèbres environnantes dessinèrent un immense plateau blanc entrecroisé de lignes noires. La jeune fille reconnue la représentation à une échelle cosmique d'un plateau de Go (jeu de stratégie avec des pions noirs et blancs), le jeu stratégique traditionnel du Japon. Trois têtes suivirent le placement d'immenses pièces blanches et noires en différents endroits de l'incroyable surface. Soudain la jeune fille pris conscience qu'une ombre s'abattait sur eux. Levant la tête, elle contempla avec horreur l'énorme main ouverte se dirigeant sur eux et hurla.
 
Sakura se redressa sur son lit faisant voler ses draps avant de se retrouver dans la lueur du petit matin en position un genou à terre, l'autre relevé, prête à se défendre contre ...
 
« Un rêve ? » Sa propre voix lui fit du bien en confirmant qu'elle était réveillée. Lentement, l'adolescente reprit le contrôle de sa respiration, calmant les battements de son cœur puis s'avisa de la transpiration qui collait son pyjama à son corps comme une seconde peau.
 
« Oh ! Génial. » Sakura préférait ses ablutions après ses exercices du matin mais encore une fois depuis que ces rêves la tourmentait elle avait dut changer ses habitudes.
 
« Les habitudes sont les autres noms de la mort. Attends toi toujours à l'inattendu. Et maintenant dix katas supplémentaires comme punition ». Un sourire mi-figue mi-raisin se dessina sur sa bouche alors que Sakura se remémorait un des enseignements de Makoto-sensei (professeur). `Le vieux pruneau s'en donnerait à cœur joie si il savait'. Secouant la tête, Sakura se dépêcha d'aller à la salle de bain après avoir pris une tenue propre dans son armoire.
 
La maisonnée sommeillait encore mais la jeune fille en avait l'habitude. Sa mère Asano Kusanagi travaillait souvent tard dans une banque importante et était fière d'être une « self-made woman ». Bien sur cela se traduisait par une vie affective « cool » d'après ses amies mais plutôt insipide pour elle. Oh, elle ne manquait de rien matériellement si elle en avait exprimée l'envie mais ajouté aux absences quasi permanentes de son père Tetsuo Kusanagi, représentant d'une de ses fameuses compagnies « qui-ne-sont-absolument-pas-des-zaïbatsus (m 33;ga-corporations illégales regroupant tout un cycle de production depuis les matières premières jusqu'au produit final)», lui faisait presque regretté de ne pas avoir « une famille à problèmes » comme certaines de ses connaissances.
 
Le jet pulsant de la douche lui fit du bien et chassa de son esprit les derniers relents de ses rêves. Contrôlant avec méthode sa respiration, Sakura commença à préparer son corps pour ses exercices matinaux. Une dizaine de minutes plus tard, la jeune fille marchait sur la pelouse du grand jardin de la maison familiale. Vêtue de son Hakama (pantalon standard des pratiquants d'aïkido et de kendo) noir et de son Keikogi (veste matelassé) bleu marine, la silhouette de Sakura tranchait nettement sur le vert du gazon. Pieds nues et tenant fermement son bokken (reproduction d'un Katana en bois dur) à la main gauche, elle gagna le milieu de ce qu'elle appelait `son dojo (lieu d'entraînement aux arts martiaux) personnel'.
 
Les katas (exercices constitués d'enchaînement de manœuvres précises) sont une part importante de la méthode d'apprentissage et de perfectionnement de la majeure partie des arts martiaux. Ensembles de mouvements, de déplacements et de techniques agencés de façon à simuler un combat contre un ou plusieurs adversaires imaginaires, leur répétition permet au pratiquant d'acquérir et de tester les gestes, attitudes et états d'esprit propre à l'exercice de son art. Les traditions profondes des arts martiaux ne sauraient être négligées mais Sakura n'avait jamais été très traditionnelle.
 
Prenant exemple sur la philosophie du Jeet Kun Do (art martial crée par Bruce Lee et qui use du principe de l'éclectisme), la pratiquante avait mis au point sa propre méthode d'entraînement. Bien sur, elle continuait de travailler avec application les katas de son école, mais elle se réservait le matin pour ses techniques personnelles.
 
Respirant depuis son centre le plus profond, Sakura éleva son esprit dans le domaine ou perception et volonté se croisaient. Autour d'elle dans la réalité virtuelle qu'elle venait de construire, ses ennemis commençait à approcher. Tombant en garde Iajutsu (art du dégainage rapide), la jeune fille laissa ses adversaires décider de son prochain mouvement par leurs actions.
 
En un éclair, Sakura porta son premier coup, tranchant la main du premier porteur de sabre. Le coup avait été porté en même temps que son katana (sabre japonais légèrement courbe) symbolisé par son bokken sortait de son fourreau. Un pratiquant de Iajutsu pouvait tuer son adversaire avant même que celui-ci est remarqué que l'arme était dégainée. Pivotant sur sa position, la jeune fille se lança au sein de ses ennemis, seul les réflexes moteurs et une perception surhumaine guidait ses coups, paraît les attaques et ripostait de façon létale avant de placer son corps en position pour les suivants.
 
Un maître de son école Zanji Shinkenjinken-ryu (une des premières et des plus vielle école de Kenjutsu, l'art du sabre japonais) aurait reconnu parfaitement chacune de ses techniques prises séparément. Mais le mortel ballet que dansait la jeune fille ne suivait pas le rythme propre aux katas traditionnelles. L'usage de certains déplacements était propre à faire hurler n'importe quel juge de compétition. `Non conformisme' était le mot d'ordre de la chorégraphie. Sakura roulait sous les armes de ses adversaires et entrait dans leur garde, glissait sur l'herbe pour esquiver les coups directs et sautait au dessus des trop fortes concentrations ennemies pour atteindre leurs arrières vulnérables.
 
Enfin, la jeune pratiquante occis son dernier ennemi et regagna le seuil de perception de la vie de tous les jours, abandonnant le champ de bataille jonché de corps en rengainant son arme après en avoir égoutté le sang. En nage, Sakura sourit. Ses séances lui permettait de mettre à l'épreuve ses limites physiques et l'intensité lui permettait d'être relativement rapide le matin pour ...
 
« Oh ! Mince ! L'école ! Je vais être en retard. » Un cyclone miniature se rua dans la demeure. La jeune fille rageait alors qu'elle entrait dans la cuisine. Elle n'aurait pas le temps de se préparer un bento (repas froid conservé dans une boîte) digne de ce nom. Engloutissant un toast beurré, Sakura démontra une fois de plus qu'elle était bonne cuisinière : Son repas froid fait à la va-vite aurait rendu jalouse n'importe quelle femme au foyer. Avalant son deuxième toast, elle entra dans la salle de bain et se lava de façon plus normale qu'en début de matinée. Les japonais commencent généralement par se laver à l'eau froide avant d'entrer propre dans le furo (baignoire japonaise très profonde et très chaude) pour détendre leur corps. Si Sakura s'était dépêché, c'était surtout pour pouvoir délasser ses muscles après son intense exercice.
 
Finalement, une petite japonaise aux cheveux roux fraîchement tressés, aux yeux verts profonds et à la bouche rieuse fonçât dans les rues de Kyoto par une belle matinée de Mars. La jeune étudiante portait l'uniforme féminin du complexe d'éducation de O-Ai : une jupe d'été bleue foncée, une chemise de marin de la même couleur et un noeud rouge. Elle bondissait le long du trottoir, profitant pleinement de son entraînement et de sa prodigieuse vitesse naturelle.
 
La jeune fille courait le long des allées couvertes de végétation, de temples et des yataïs (petites boutiques roulantes) des vendeurs ambulants. Achetant au vol quelques onigiri (boulettes de riz japonaises) pour calmer sa faim, Sakura se dépêchait d'aller vers un de ses lieux favoris. Le parc à proximité de son école était une véritable jungle d'arbres divers, de sous-bois accueillants et de bancs propices aux envies romantiques de la population locale. Mais ce qu'elle aimait par dessus tout c'était l'allée principale bordée des cerisiers du Japon surtout lorsqu'ils étaient en fleurs.
 
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Megane Shouko regardait de ses yeux noisette avec inquiétude sa montre. Sa petite amie avait déjà cinq minutes de retard sur l'heure habituelle. Il soupira. Si elle ne se dépêchait pas, elle allait se mettre à dos les prof ...
 
Elle apparut. La vision lui coupa le souffle. Un vent léger faisait flotter ses cheveux roux, si différents de sa chevelure brune, qui s'embrasaient dans la lumière matinale, rehaussant l'éclat émeraude de ses yeux. Autour d'elle, les cerisiers l'honoraient en envoyant délicatement leurs pétales rose pâle caresser son corps. `Kami-Sama (Dieu), comme elle est belle'. Le cœur de Megane battait si fortement que les sons ambiants se noyaient dans le bruit sourd de sa poitrine. Pourtant cette vision idyllique présentait une fausse note qui dérangeait l'harmonie. L'émotion qui faisait résonner le cœur du jeune garçon était ... `de la peur'.
 
Megane était confondu. La symbolique de la fleur du cerisier représente le coté éphémère de la vie et sa beauté intérieure. Ici ce fut le coté guerrier qui s'imposa à son esprit. La légende voulait qu'un puissant empereur du passé est décrété que les corps des plus braves guerriers soient désormais enterrés sous les racines des cerisiers, leur sang colorant en rose pale les pétales originellement blanc comme la neige. `Ses cheveux ! Ce sont ses cheveux !' Contrastés par le paysage ambiant, éclairés par le soleil levant, la chevelure rousse de la jeune fille s'était changée en rivière de sang rouge vif.
 
« Hé ! Oh ! Megane-kun (diminutif affectif masculin) ? » Sakura agitait la main devant le visage de son petit copain. Elle souriait, pensant l'avoir complètement éblouie avec son entrée en scène dans le style des shoujo-mangas (jeune fille). En riant et sans lui laisser le temps de se remettre, elle pris le bras du jeune homme qui la dépassait d'une tête et l'entraîna vers la sortie du parc.
 
« Alors ? Tu vas bien ? » La jeune fille tourna la tête vers le garçon, notant cette fois-çi l'expression complètement perdue qu'il arborait. « Hein ? Oh ! Oui, bien sur. Tout va très bien Sakura-chan (diminutif affectif féminin). » Reprenant ses esprits et ses priorités, le jeune homme pencha la tête et déposa un chaste baiser sur les lèvres de l'écolière. Le doux contact frémissant acheva de dissiper son trouble et Sakura pensa à autre chose que l'état d'esprit de Megane. `Qu'est-ce qui m'a pris de penser ça ? Si je lui en parle, elle va en rire et m'asticoter pendant une semaine au moins.'
 
Le couple s'engageât dans l'allée de l'établissement, échangeant salutations et plaisanteries avec les élèves présents, puis Sakura fit un dernier baiser sur la joue avant de regagner sa classe laissant Megane pensif et rêveur. `Etrange. Nous sortons ensemble depuis maintenant un mois et malgré nos flirts, je la sens toujours distante sur un certain plan.' Le jeune homme haussa les épaules. Il se contentait d'apprécier la présence de la jeune fille. Elle avait un je ne sais quoi qui attirait les prétendants comme le miel attire les abeilles et il s'estimait très chanceux d'avoir été choisit. Entrant dans sa classe, il subit avec humour et patience les remarques piquantes et graveleuses de ses compagnons d'étude.
 
Sakura entra juste à temps dans sa salle de classe, la dernière sonnerie retentissait dans les couloirs et elle pouvait voir à l'extérieur les quelques retardataires essayant désespérément de ne pas être pris par leurs profs. Elle sourit à ses camarades. Curieusement la jeune fille ne comptait aucune véritable amie ou ami au sein de son groupe d'étude. Au mieux ils étaient des connaissances proches mais pas de véritables amis depuis le jour où elle avait pris le dur chemin des arts martiaux. Même Megane n'occupait pas une place prépondérante dans son cœur. Malgré les apparences, Sakura n'était pas amoureuse de Megane qui n'était pas son premier flirt. Elle appréciait son caractère pragmatique et généreux et tenait à lui mais c'était plus pour elle un contentement mutuel de leurs passions adolescentes et surtout c'était ce que la société attendait d'eux. Ses camarades respectaient son engagement envers les arts martiaux, étaient jalouses qu'elle ait un `si mignon petit copain' et n'essayaient plus de la sortir à tout bout de champ dans les endroits à la mode quand elle avait ses classes d'arts martiaux. Mais pour Sakura, leur rencontre tenait plus à la pression de ses pairs qu'à une véritable envie de sortir avec un garçon.
 
La professeur principale entra et les cours du matin commencèrent. Le système d'éducation japonais diffère du système européen. Les élèves restent toujours dans la même classe et ce sont les professeurs qui se déplacent. Les cours du matin sont réservés aux matières scolaires proprement dites alors que l'après-midi est consacré aux sciences du corps et aux multiples clubs scolaires organisés par les élèves.
 
Sakura était une élève moyenne. Cela voulait dire qu'elle devait fournir des efforts pour suivre le programme japonais. Contrairement à la plupart de ses camarades ses activités extrascolaires l'empêchaient de fréquenter les cours du soir où les étudiants japonais prenaient des cours rapides afin de se mettre à niveau plus facilement et d'avoir dans le futur un bon placement dans les universités. Elle soupira. `Au moins les prochains cours seront moins barbants que ce cours de mathématiques. Beurk ! Je déteste les maths et les sciences.' Curieusement ses deux matières favorites du matin avaient peu en commun. Tout le monde par contre s'accordait à lui reconnaître un talent certain dans les subtilités de l'informatique et surtout sa facilité déconcertante à apprendre de nouvelles langues. En plus des classiques langues latines anglaise et espagnole, elle maîtrisait le chinois et, au mépris du sentiment raciste sous-jacent de sa société, le russe et le coréen.
 
Enfin, son horloge interne s'accorda avec la sonnerie de fin des cours. Attrapant sa boîte à casse-croûte, Sakura se précipita dehors pour rejoindre son coin favori et y attendre Megane. C'était presque un rituel. Le cerisier poussant dans le parc scolaire était officiellement `sa place' et seules ceux qu'elle appréciait pouvaient manger avec elle. La jeune fille mangea avec application son bento attirant l'envie de son soupirant qui devait se contenter d'un sandwich, sa mère n'étant pas spécialement douée pour la confection des repas froid.
 
« Tu sais. Tu ferais une excellente épouse au foyer, plus tard. » Megane regardait les nuages dans le ciel, les deux mains sous la nuque, s'accordant un peu de repos digestif.
 
« Je ne serais jamais une femme au foyer. » La voix de Sakura était douce mais Megane eut l'impression que la température ambiante avait baissé d'au moins dix degrés. Eberlué, il regarda le visage de sa petite amie. Elle manifestait la sérénité tranquille d'une personne non seulement sure d'elle mais aussi capable de faire tout ce qu'elle disait envers et contre tout. La sérénité tranquille du glacier avançant inéluctablement dans la plaine et broyant tout sur son passage.
 
Elle tapota la tête du jeune homme. « Ne t'en fais pas. Profitons de ce que nous avons maintenant. Cela peut grandir, cela peut disparaître dans les temps futurs, mais tant que cela existe entre nous deux cela est bien. » La jeune fille se leva et retourna vers les bâtiments, fredonnant inconsciemment une mélodie apprise dans ses rêves.
 
Megane secoua la tête en la regardant partir. `J'y renonce. Décidément, on a raison de dire qu'il est impossible de comprendre les femmes.' Cela l'inquiétait un peu. Sa romance avec Sakura ne ressemblait à aucun des flirts qu'il avait eut dans le passé. Il aimait bien être avec elle et il savait que la réciproque existait mais parfois elle manifestait un cotée diamétralement opposée aux standards de la société. Du coin de l'œil, il enregistra une scène qui lui glaçât le sang. `Oh ! Merde ! Ca va faire mal.' Megane se précipita vers l'entrée principale pour essayer d'empêcher le massacre qui pouvait résulter de la rencontre entre sa petite amie et le ... l'imbécile qui venait à sa rencontre.
 
« Kusanagi-san (suffixe signifiant honorable) ! » Gendo Mishima n'était pas content. Rectification, il était hors de lui et son comportement actuel en était la preuve. Professeur de littérature classique, il haïssait tout ce qui n'était pas standard à ce qu'il appelait `l'ordre naturel des choses'. Ce qu'il voyait maintenant l'irritait tellement qu'il provoquait une scène aux yeux de tous pour donner une leçon à cette petite délinquante.
 
« Mishima-sensei. » Le visage de Sakura restait neutre mais l'intonation de sa voix transformait sa formulation polie en soufflet verbal. L'homme devant elle était hélas un parfait représentant d'un aspect de son peuple qu'elle détestait : ce besoin presque viscéral de standardisation et de cruauté envers ceux en dehors de la norme.
 
« Je constate que vous désobéissez à mes instructions. » Croisant les bras, Gendo exprima toute l'arrogance du professeur surprenant l'élève en faute.
 
« Non sensei, je suis parfaitement l'esprit et la lettre du règlement de l'école. » Sakura ne quittait pas son visage serein. Autour d'eux les élèves présents étaient soufflés par son calme. La réputation de Mishima n'était pas celle d'un tendre.
 
« Oh ? Vraiment. Et je suppose que vous pouvez prouver ce que vous avancez ? » De façon incroyable, Gendo parut encore plus arrogant devant ce qu'il pensait être une misérable tentative de justification qui allait choir devant la toute puissance de `son ordre'. A l'arrière du conflit Megane se demanda si il n'allait pas devoir appeler une ambulance pour ramasser les morceaux. Il ne savait même pas pour qui il devrait l'appeler.
 
« Vos instructions étaient, je cite, `d'avoir une coupe et une coloration de cheveux naturelle en accord avec le règlement scolaire'. » En un clin d'œil, Sakura se retrouva nez à nez avec Gendo. « Regardez bien mes sourcils et mes cils, sensei. Et vous constaterez que leurs racines sont rousses comme celles de mes cheveux. Ma coloration est parfaitement naturelle. »
 
Une centaine d'arguments, de réfutations et de remarques acides tournoyèrent dans l'esprit de Gendo mais le regard vert émeraude braqué sur lui gela son cerveau et sa langue. La jeune fille ne mesurait qu'un mètre et cinquante centimètres et pourtant il eut l'impression d'être réduit à la taille d'un nain devant la luminosité de ce regard.
 
Sakura recula, s'inclina poliment devant le professeur complètement dégonflé et regagna tranquillement sa salle de classe. Derrière elle Gendo essayait de ramasser les morceaux épars de son ego. « Allons, l'incident est clos. Retournez en cours. » Médusé, Megane monta les escaliers, il avait beaucoup à penser. Ce n'était pas le premier incident pour Sakura. Elle suivait parfaitement le règlement de l'école mais dans certains cas elle ne se souciait absolument pas des instructions de ses professeurs quand ces dernières ne se conformaient pas à ses activités et ne s'appuyait pas sur les règles de l'établissement. Pour l'élève moyen, la parole d'un prof est loi, mais Megane se rendait compte que la jeune fille n'était absolument pas une élève moyenne et il ne savait plus si il allait continuer avec elle ou rompre avant d'être entraîné avec elle.
 
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Une fois les cours terminés, Sakura se dirigea vers le centre sportif pour y rejoindre l'équipe de natation. Les activités sportives restaient ses cours favoris car elles lui permettaient de rivaliser amicalement avec ses camarades dans la joie et la bonne humeur. Elle se dirigea rapidement vers son casier pour se changer et rejoindre les membres de l'équipe. Sans surprise, son altercation avec Mishima était le potin du jour et elle s'appliquât à répondre à cette forme d'inquisition.
 
« Allons ! Allons ! Les filles, on se dépêche de faire ses longueurs. Je vous rappelle que je vous chronomètre aujourd'hui. » Nanako Takatsugi, capitaine de l'équipe de natation poussa ses camarades vers le bassin olympique extérieur. La grande jeune fille aux cheveux noirs à la garçonne croisât une fraction de seconde le regard vert de Sakura. Le sourire de la jeune fille se fit plus doux et elle se hâta vers la piscine sollicitant son corps pour fendre avec adresse et rapidité l'élément liquide.
 
L'avantage des activités physiques répétitives est de permettre à l'esprit de réfléchir sur d'autres sujets que d'agiter ses bras et ses jambes. Des images du passé se cristallisèrent dans le cerveau de deux jeunes filles.
 
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Deux jeunes filles de quinze ans, la capitaine et la nouvelle venue dans l'équipe. Un sourire franc, un regard lumineux et une joie de vivre rafraîchissante dans la lourdeur de l'ambiance scolaire. Deux jeunes filles restées après les autres afin de se parfaire avant une rencontre de natation contre une autre école. L'ambiance chaude et moite de la douche commune. La sensation agréable d'un massage des muscles du dos. Le regard noir de la plus grande se noyant dans les profondeurs émeraude de la plus petite. Le saut du cœur de deux personnes consentantes. La saveur si sucrée des douces eaux de Sapho. Pas de honte, mais un secret entre les deux jeunes élèves, aucune ne voulant faire du tort à l'autre pour ce si merveilleux moment ensemble jamais renouvelé mais jamais oublié.
 
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Maintenant à dix-sept ans, Sakura restait perplexe. Elle n'était pas homosexuelle, mais elle ne se sentait pas non plus pleinement hétérosexuelle. Bisexuelle, peut être ? Tout ce qu'elle savait c'est qu'elle éprouvait des désirs et cherchait à les satisfaire tout en cherchant à satisfaire les désirs de son partenaire. Un arrangement mutuel qu'elle ne pouvait hélas suivre pleinement au sein de sa société. Elle avait suffisamment entendue les autres railler sur les quelques homosexuels locaux pour savoir ce qui arriverait si elle suivait tous ses désirs et ceux des autres qui lui plaisait.
 
Soupirant devant l'incongruité de son peuple en ces périodes modernes, la jeune fille gagna les douches pour se changer avant d'aller à son autre club. L'ikébana (art japonais de création de bouquets de fleurs) est une activité typiquement japonaise et traditionnelle. Apprendre à faire une composition florale esthétique semble étranger à un non japonais mais ceux qui ont sa culture apprécient pleinement cette forme d'art. De plus, l'harmonie nécessaire à cette activité convenait pleinement à la pratiquante d'arts martiaux et lui permettait aussi de délasser son corps en même temps que son esprit après les sports.
 
Enfin les leçons furent apprises, les devoirs rendus, les clubs fermés et les corps lavés. Sakura se précipita dans les rues de Kyoto, son cartable au dos et son étui à bokken à la main. Comme il lui tardait d'être au temple de la colline des cerisiers. Comme il lui tardait d'être face à son maître et d'apprendre encore et encore. Un sourire lui mangea le visage alors qu'elle courait le grand escalier entouré des Torii (portique de bois peint en rouge). Une fois dans la grande cour principale, elle se hâta vers le dojo pour se changer.
 
Le temple de la colline des cerisiers était une structure standard pour un temple. Il se composait du temple central proprement dit, de deux bâtiments résidentiels sur les ailes et enfin du dojo à l'arrière avec le jardin. Makoto-sensei était l'arrière-grand-père de Sakura. C'était également son professeur. Dernier grand maître de son école d'arts martiaux il lui revenait d'enseigner l'art du Kenjutsu à la dernière descendante de son clan.
 
Makoto Kusanagi regardait la fille de sa fille se précipiter vers le dojo pour s'y changer. Il soupira. Elle était la dernière. Il aurait préféré un garçon, mais sa fille avait refusé de coopérer, arguant du modernisme actuel. La branche familiale de son gendre ne valait pas mieux. Il fallait qu'il réussisse... Non ! Il fallait qu'elle réussisse ! Ce soir, il saurait.