Gundam Wing Fan Fiction ❯ Prince de mes rêves ❯ Chapter 6

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Prince de mes rêves

par Erynna

6. Celui qui voulait tuer sa sœur

Les dents du peigne glissaient à travers la chevelure de jais, lissant et séparant les mèches plus fragiles et délicates que des fils de soie, accrochant la lumière en un bruissement aussi léger que l'air. Une fois satisfait, il reposa le peigne sur la tablette au-dessus du lavabo et secoua la tête. Les cheveux reprirent aussitôt leur place naturelle, encadrant un visage pas tout à fait souriant.
Il hésita devant l'image que lui renvoyait le miroir.
Devait-il les laisser frôler librement ses épaules, ou bien les attacher en une impeccable queue de cheval ?
Non entravés, ils atténuaient le caractère anguleux de ses traits et lui donnaient un semblant de douceur et de beauté.
Ramenés en arrière, ils procuraient l'illusion d'une assurance et d'une force dont il se savait dépourvu.
Baka, c'est un rendez-vous amoureux, pas un entretien d'embauche !
...
Amoureux ?

Il eut l'impression que sa salive se coinçait dans sa gorge tandis que des milliers de papillons dansaient la samba dans son estomac.
Depuis dix ans, c'est-à-dire depuis toujours, il avait associé ce mot avec Treize. Jamais avec personne d'autre.
Aujourd'hui encore, il ne pouvait nier les sentiments qui persistaient dans son cœur, comme les réminiscences d'un bonheur qui n'avait été rien de plus qu'un rêve.
- Treize... Comment se fait-il que je continue à t'aimer malgré la colère et la douleur ? Pourquoi faut-il que je regrette tes regards et tes baisers alors que je te hais ? Pourquoi... pourquoi faut-il que ce soient les personnes qu'on aime le plus qui nous fassent le plus souffrir ?
Un profond soupir s'échappa de ses lèvres. Il se rinça les mains sous l'eau froide avant de s'asperger la figure, puis s'épongea méthodiquement avec une serviette.
Relevant les yeux, il croisa une dernière fois son reflet. Ses doigts ramenèrent quelques longues mèches derrière son oreille et il hocha la tête.
- Tu ne dois plus être qu'un fantôme du passé, Treize. A partir d'aujourd'hui, mon avenir s'appelle Heero.
Un petit sourire illumina son expression et il quitta la salle de bains.
Comme il descendait les escaliers, une boule d'énergie le heurta sans ménagement.
- Woo-hoo ! s'écria Hilde. Wu-babe, tu es à tomber.
- Merci... je crois, dit Wufei en fronçant les sourcils.
Il aida la jeune femme à moitié allongée sur les marches à se remettre debout.
- C'était un compliment, n'est-ce pas ? demanda-t-il, toujours soucieux.
- On a le trac ? Wufei haussa les épaules, silencieux.
- Tu n'as aucune raison de t'en faire, continua Hilde. Après tout, tu l'as déjà vu tout nu.
- Hiiiiilde !!!
- Quoi ? Ce n'est pas vrai ? Oh... tu veux dire qu'il a gardé ses vêtements ?
- Nooon ! gémit-il, prêt à s'arracher les cheveux. C'est juste que... tout cela est bizarre... et... un peu effrayant...
- Tu l'aimes bien ? s'enquit-elle d'une voix douce.
- Oui...
- Et lui aussi doit tenir à toi, sans quoi il ne t'aurait jamais proposé de vous revoir.
- Mm...
- Je vais me répéter, mais tu n'as pas de souci à te faire. Et puis, je suis avec toi, ajouta-t-elle en le prenant dans ses bras.
Cette dernière remarque provoqua un grognement moqueur chez le jeune homme.
- Comme la nuit dernière, je suppose ?
- Eeeep ! couina Hilde avant de courir se réfugier dans le salon.
La sonnette de l'entrée empêcha le jeune homme de se lancer à sa poursuite. Il alla ouvrir, non sans avoir vérifié son apparence une dernière fois. Heero avait promis de passer le prendre à cinq heures trente précises afin de l'amener au cinéma, et il faisait confiance au Japonais pour être un modèle de ponctualité.
Heero était bien là, superbe dans son ensemble noir épousant parfaitement son corps, le col de sa chemise bleue à fines rayures sombres dépassant de sa veste.
- Salut, fit-il en relâchant la pression de son doigt sur le bouton de la sonnette.
Wufei ouvrit la bouche plusieurs fois de suite sans qu'aucun son n'en sortît.
- Je peux entrer ? reprit Heero, qui attendait toujours sur le pas de la porte.
- Bien sûr... articula Wufei en s'effaçant.
Il sentit ses jambes se dérober lorsque Heero, passant près de lui, lui lança l'un de ses petits sourires en coin ô combien sexy.
- Tu es mignon à croquer, dit le brun d'une voix caressante.
- Ah... merci...
Vous Là-haut, dites-moi que je ne suis pas en train de rougir comme une pucelle ! pria le Chinois en tiraillant sa longue tunique écarlate qui recouvrait un fin pantalon de soie blanche.
- Hn, remarqua soudain Heero, ses yeux bleus rivés sur Duo et Hilde, venus aux nouvelles.
- Mes amis, expliqua laconiquement Wufei en tentant de l'attirer à l'extérieur. De toute manière, on ne va pas s'attarder...
- Hé, Wu-babe ! Aie au moins la courtoisie de nous présenter ton ami ! s'indigna Hilde en bondissant vers Heero. Je suis Hilde Schbeiker, ravie de faire votre connaissance ! Wu-babe nous avait caché combien vous êtes canooooon... !
Sa tirade s'acheva sur un cri de surprise comme Duo la tirait en arrière avant de se poster devant le Japonais, les mains sur les hanches. Le jeune homme fit la moue et le fixa de ses yeux mauves et brillants de soupçon.
- Ramenez Cendrillon avant minuit, compris ? maugréa-t-il à l'adresse d'un Heero visiblement amusé.
- Duo !! menaça Wufei avant de pousser le brun hors de la maison.
Il se glissa avec soulagement dans la voiture de Heero puis, s'enfonçant un peu plus dans le siège, ferma les yeux.
- Tout va bien ? s'enquit Heero comme il sortait le véhicule de la propriété et pénétrait dans le flux incessant de la circulation.
- Mmm... Je suis heureux d'avoir pu échapper à ces dingues... et d'être avec toi, murmura-t-il en se tournant vers lui.
Le sourire de Heero lui réchauffa le cœur.
Il avait cette étrange impression que le jeune homme qui conduisait n'était pas du genre à offrir ses sourires comme le faisaient volontiers Duo et Hilde. Qu'il était... renfermé, peut-être même solitaire... blessé également.
Une éclaircie dans le ciel chargé de nuages déversa un flot de lumière dans la voiture, obligeant Heero à rabattre son pare-soleil. Un papier tomba alors en accordéon, traversant le pare-brise, le volant et venant flotter sur ses genoux.
- Qu'est-ce que c'est ? fit Wufei avec curiosité. On dirait... une liste de courses ?
Il recula précipitamment en voyant le visage furieux de Heero.
- LUCREZIA O KOROSU !!!

* * *

Cher petit frère... c'est pas que tu sois cher à mon cœur mais comme j'ai la flemme de sortir du pieu et que j'ai besoin de tes services... bref ! Puisque tu sors aujourd'hui, sois aimable une fois dans ta vie et profites-en pour passer au supermarché ; y a deux trois bricoles qui manquent dans le frigo et Qua-chan veut qu'on se fasse une paella demain soir ! Que ça ne t'empêche pas pour autant de t'amuser avec la petite chose toute mignonne qu'on a entraperçue la dernière fois ! (Apparemment, on lui a fichu la trouille !) Sois gentil avec lui, prenez vos précautions, bla-bla-bla...

Signé, ton enquiquineuse préférée ! ^_^

P.S. : Si tu refuses, je raconte à tout le monde ce que tu faisais dans la piscine de tonton quand tu avais quatre ans !
P.P.S. : N'oublie pas mon pack de Kro !
P.P.P.S : Ta dulcinée est bien sûr invitée à la soirée paella... plus on est de fous, plus on rit !

S'ensuivait une petite bouille maladroitement dessinée, ornée d'un grand sourire narquois et de minuscules cœurs tout autour, juste au-dessus d'une interminable liste d'ingrédients qui n'avaient que faire dans une paella.
- Je jure que la chose qui se prétend ma sœur ne sera plus qu'un morceau de viande froide dès que je serai rentré ! grommela Heero en poussant le caddie.
- Ce n'est pas grave, répliqua Wufei dans une vaine tentative de l'apaiser.
Le Chinois regarda les notes griffonnées sur le papier d'un air pensif.
- Si nous nous y prenons de manière rationnelle et organisée, nous aurons terminé en un rien de temps et pourrons être à l'heure pour la séance suivante. Quel film allons-nous voir, à propos ?
Heero obliqua vers le rayon fruits et légumes.
- C'est le nouveau Van Damme ! Apparemment il s'agit de la pièce maîtresse de toute sa carrière. De l'action à revendre, des combats époustouflants, des explosions toutes les deux minutes... dit-il en récitant fidèlement son magazine ciné préféré.
- Ah... Vraiment ?
Le caddie stoppa net et Heero se tourna lentement vers Wufei.
- Tu... tu n'aimes pas Jean-Claude Van Damme ? prononça-t-il d'une voix incrédule.
- Hé hé, bien sûr que si ! Oh, les poivrons sont par là !
Et Wufei s'échappa à l'autre bout du rayon.
- Ecoute, je ne me vexerai pas si tu n'aimes pas, dit Heero après l'avoir rattrapé. Chacun ses goûts, et je n'ai pas envie que tu te forces...
- Toi, écoute, le coupa Wufei en lui serrant la main. Ce n'est pas le film qui m'intéresse, mais la personne avec qui je vais le voir. Tiens, voici la moitié de la liste ; je m'occupe de l'autre. On se retrouve près des caisses, d'accord ?
- Hn, acquiesça Heero.
Il suivit du regard la fine silhouette rouge et blanche jusqu'à ce qu'elle eût disparu de son champ de vision.
- Lu, je vais t'arracher les tripes et te pendre avec. Et même Wufei n'arrivera pas à m'en empêcher !
Les grincements stridents du chariot se mêlèrent à ceux, plus sinistres encore, du jeune homme qui se mit en quête d'ampoules électriques et de papier essuie-tout.

* * *

27 minutes plus tard...

Wufei, le nez collé à sa moitié de liste, atteignit finalement le nirvana, à savoir le rayons des boîtes de conserve et plats cuisinés.
- Voyons... blanquette de veau en conserve ? Je ne veux même pas savoir quel goût ça a ! remarqua-t-il pour lui-même.
Il examina les étagères, levant les yeux toujours plus haut... Bien entendu, ce qu'il cherchait se trouvait au sommet du rayonnage.
Il se haussa sur la pointe des pieds, tendit le bras, monta sur la première étagère du bas, tenta de faire tomber une boîte en y balançant un paquet de Cotons-Tiges, rien n'y fit.
- Argh ! s'écria-t-il, à bout de nerfs. N'y a-t-il personne dans ces foutus magasins pour penser à ceux qui ne mesurent pas un mètre quatre-vingt ?
- Il faut croire que non, répondit une voix amusée.
Un bras immense passa au-dessus de sa tête, atteignant sans difficulté la boîte tant désirée.
- Merci, dit Wufei en levant une nouvelle fois les yeux, cette fois-ci pour savoir à quoi ressemblait son sauveur.
Ce dernier lui tendit la blanquette en souriant.
- Je vous en prie. Ces rayonnages sont d'une hauteur totalement aberrante.
- Pardonnez-moi mais... est-ce qu'on ne se connaît pas ?
Sa question était stupide, il le savait, mais quelque chose chez cet homme lui était familier. Wufei possédait une excellente mémoire, et il était prêt à parier qu'il l'avait déjà rencontré. Après tout, un magnifique Apollon aux longs cheveux platine et au regard bleu presque transparent ne s'oubliait pas si facilement, n'est-ce pas ?
- Non, je ne crois pas, murmura le dieu grec en penchant la tête, toujours souriant. Je ne pense pas que vous soyez du genre à être oublié sitôt aperçu.
Seul un couinement aigu lui répondit.
- Bien, je vais vous laisser continuer à présent, reprit le blond. Ravi d'avoir pu vous aider.
Et il s'éloigna, offrant à un Wufei pantelant une vue imprenable sur son jean moulant.

* * *

52 minutes plus tard...

- Je hais ma sœur, je hais ma sœur, je hais ma sœur, je hais ma sœur... pouvaient entendre les clientes dans le rayon lingerie féminine depuis dix bonnes minutes.
- Puis-je vous aider, monsieur ? fit une vendeuse plus téméraire que ses collègues.
Aucune en effet n'avait encore osé approcher le petit jeune homme fulminant devant le présentoir des soutiens-gorge.
- Omae o korosu ! aboya-t-il en dardant sur elle un regard plus dangereux qu'une salve de mitraillettes.
- Veuillez m'excuser, monsieur, mais nous n'avons pas cette marque en magasin, répondit la vendeuse sans se laisser déconcerter. En revanche, je peux vous montrer de très jolis modèles faits par Chuchotements, Passionata et Dim.
- Je veux juste un... (grande inspiration)... soutif normal.
- Ha, s'exclama la vendeuse.
Encore un zozo qui ne sait pas quoi offrir à sa petite amie, songea-t-elle en choisissant un ou deux articles susceptibles de contenter son "client". Elle les lui présenta tout en ajoutant ses commentaires, telle la professionnelle adepte du travail bien fait qu'elle était.
- Vous avez bien sûr les Playtex, indémodables, très confortables et surtout adaptés à tous les types de poitrine. Puis-je vous demander la taille de votre amie ?
- Hein ? fit le garçon en la regardant d'un air stupide.
- Son tour de poitrine et sa taille de bonnets, expliqua-t-elle d'une voix lente, comme lorsqu'elle demandait à son cousin de bien vouloir déboucher son évier.
- Je... Ces choses doivent être marquées sur la liste ! explosa-t-il en lui donnant un papier tout chiffonné. Et je me fiche du modèle ! C'est juste pour mon idiote de sœur ! Choisissez ce que vous voulez du moment que j'ai de quoi payer !
Et il s'effondra sur son caddie, plus vert que l'assortiment haricots et petits pois vendu au rayon surgelés.

* * *

1h14 plus tard...

Les caisses grouillaient de monde, chose somme toute normale pour un lundi après la sortie des bureaux. Wufei déposa son panier près de l'une d'elles et attendit Heero.
- Je crois que ce ne serait pas plus mal si on ratait l'heure de la séance, soupira-t-il doucement. Van Damme... qui aime encore ce type à notre époque ?

* * *

1h33 plus tard...

Youpi ! aurait pu crier Heero en parvenant au rayon des bières, le dernier. Mais étant Heero, il se contenta d'un hn.
Se félicitant d'être arrivé à temps, il s'empara de l'ultime pack de Kronenburg qui trônait, solitaire, sur son étagère.
- Excusez-moi, mais je l'avais vu avant vous, fit une femme en le saisissant à son tour.
- Vous rigolez ! fit Heero, et il commença à tirer de son côté.
- Pas du tout ! dit la femme en fronçant ses sourcils étrangement fourchus et agrippant ce qu'elle considérait comme sien avec plus de force.

* * *

1h56 plus tard...

- Que fait-il ? se demandait Wufei en guettant chaque caddie qui passait l'allée menant vers les caisses. Il n'est quand même pas parti sans moi ?

* * *

2h11 plus tard...

- Très bien, dit Heero en se pinçant l'arrête du nez, signe que la moutarde commençait à monter. On le joue à pile ou face.
- Pas question ! riposta la jeune femme sans quitter des yeux les bouteilles à terre.
Le carton avait cédé sous la pression des deux adversaires, mais par chance son contenu était demeuré intact.
- C'est trop facile de tricher avec une pièce, renchérit-elle. Je propose plutôt un "pierre, papier, ciseau". En trois manches, le vainqueur remporte la mise. Marché conclu ?
- Ryoukai, accepta Heero. Vous allez morfler.
- Pas autant que vous !

* * *

2h24 plus tard...

- Je vais finir par croire que lui aussi m'a abandonné...

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