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Chapitre 5 : Tempête dans un huis clos

Daï soupira. La nuit avait été longue et il se serait bien reposé mais se sentait concerné par l'état de Ken. Pâle, la tête en arrière et les yeux mi clos, celui-ci avait la main gauche agrippée au sofa, comme si il essayait de se retenir de tomber.

Daïsuke savait que la drogue pouvait parfois provoquer de drôles de réactions et s'inquiétait particulièrement des effets de celle qui circulait actuellement dans les veines de Ken. Il n'était pas mécontent d'être entouré par le champ de force de l'amortisseur psychique. Il avait entendu parlé de ces appareils, produits pour les télépathes particulièrement sensibles. Il avait pour effet d'inhiber complètement les échanges psychiques à l'intérieur de zones données ayant à peu près le même effet que des barrières psychiques. Il ne comprenait pas vraiment pourquoi Ken en avait un, mais s'en félicitait. Même lui doit pouvoir relâcher ses barrière de temps à autre, sinon il deviendrait fou.

Il regarda la seringue, toujours dans sa main. Le liquide à l'intérieur était presque incolore et avait l'air inoffensif. C'était toujours comme ça avec la drogue. En poudre d'un blanc pur où en solution, on lui aurait toujours donné le bon dieu sans confession. Mais une fois consommée… Daï frissonna. Même en sachant le danger que représentait ce qu'il tenait dans sa main, il était tenté de l'utiliser sur lui. Il savait très bien cependant qu'une seule injection le ferait aussitôt replonger. L'enfer de la drogue… Il ne pouvait lui-même, en l'ayant expérimenté, trouver de meilleur terme.

La famille entière de Daïsuke était composée de toxicomanes. La drogue, dans les bas fonds, était un moyen comme un autre pour oublier la réalité de la misère dans laquelle ils vivaient. Très tôt, Daï avait dû se battre, voler voir même se prostituer pour obtenir l'argent nécessaire à son fix quotidien.

Jusqu'à ce qu'il rencontre un agent du centre. Il l'avait aidé pour une mission et avait demandé en récompense d'être tiré de là où il vivait. Il ne savait pas en se faisant qu'il signait un pacte avec le diable. Ils l'avaient obligé à se désintoxiquer et une fois les graves crises de manque passées, il s'était souvent demandé si il devait les haïr où bien leur en être reconnaissant. Il avait passé l'entraînement éreintant du centre pour devenir… hum, certainement pas l'agent modèle, mais au moins il n'avait pas à rougir en se regardant dans une glace.

Et voilà qu'à présent, pour une dose placée dans sa main, il était prêt à tout remettre en question. Ne fais pas l'imbécile ! Ken a risqué sa peau pour obtenir cette dose et t'as sauvé les fesses en y laissant des plumes, et tu voudrais ruiner tout ça simplement parce que tu n'arrives pas à te contrôler ?

Daï soupira et se dirigea vers une étagère où il posa l'objet. C'était beaucoup mieux ainsi.

Ken lui aussi, se débattait avec ses propres démons. Il était seul, désespérément seul dans une pièce d'un blanc presque blessant pour l'œil, éclairée par la lumière neutre bien qu'éclatante des néons qui ne semblait pas laisser la place pour la moindre ombre. Y'en aurait il eu une, même insignifiante que Ken aurait essayé de l'utiliser pour se dissimuler. Il n'y avait pas de murs, pas vraiment, juste des baies vitrées derrière lesquelles se pressaient des hommes en blanc qui le fixaient, comme une bête encagée, en prenant des notes. Mais ce n'était pas le pire…Ils étaient aussi dans sa tête, tous, examinant, disséquant la moindre de ses pensées sans même une once d'émotion, cliniquement. Il aurait pu en hurler si sa réaction n'avait pas été aussitôt prise en compte sur leurs maudits bloc notes. Me sentir seul alors que je suis entouré par tant de personnes… Ce paradoxe était particulièrement amer.

Son seul réconfort… son frère jumeau…L'autre partie de lui-même. Ils le lui avaient enlevé. Il n'avait pas réussi les tests, la pression de tous ces esprits étrangers sur le sien l'avait fait craquer. Dans un accès de rage incontrôlable, il avait causé une explosion, tuant tous les scientifiques qui l'étudiaient. Et maintenant, ils l'avaient tué, le jugeant trop instable pour être d'une quelconque utilité au centre. Il faut dire qu'Osamu était loin d'être aussi doux que lui. Ken se souvenait parfaitement de l'instant d'agonie où le lien psychique l'unissant à son frère avait été brisé. Une ablation d'une froideur presque inconcevable. La douleur restait, lancinante. Ken n'avait plus de larmes. Aurait-il pu pleurer qu'il ne l'aurait pas fait devant tant d'observateurs.

Le lien psychique entre jumeaux… La science n'en connaissait pas de plus puissant. Longtemps les scientifiques s'étaient demandés comment deux jumeaux séparés à la naissance pouvaient cependant ressentir à des milliers de kilomètres de distance ce qui arrivait à l'autre, même confusément. A présent, avec la découverte du moyen permettant de stimuler le cerveau humain pour qu'il donne le meilleur de lui-même, ils savaient. Et ce lien, chez Ken et Osamu, était cent fois plus puissant à cause de leurs pouvoirs psychiques génofixés.

Pourquoi faut-il, se demandait confusément Ken, qu'ils nous fassent autant souffrir ? Ils peuvent lire comme ils le veulent dans nos esprits en inhibant nos pouvoirs avec toutes leurs machines, alors pourquoi ne comprennent ils pas ? Est-ce que le fait d'avoir été génétiquement conçu me retire le droit d'être humain ? Ne suis-je donc qu'une autre machine à leurs yeux ?

Désespérément, il essayait de fermer son esprit, de dresser des barrières, essayer d'oublier la douleur de la mort de Sam et les regards et les esprits qui le fixaient. Quelque chose l'en empêchait. Et à présent, il voyait le visage du Kaiser, curieusement déformé et sentait son esprit tenter de pénétrer le sien.

Daïsuke s'approcha de Ken. Celui-ci, effondré dans le sofa gémissait des mots sans suite en s'agitant.

Il attrapa ses poignets pour l'empêcher de se blesser, sans même réfléchir.

Il ressentit…

L'amortisseur psychique n'agissait que dans l'espace les entourant mais le contact annulait complètement son effet.

Une souffrance… absolument insupportable émanait de Ken. Celui-ci, l'esprit ouvert à présent que la drogue faisait pleinement effet, diffusait des images que Daï avait du mal à assimiler. Réagissant à son instinct, il essaya de calmer Ken, de trouver le centre de la douleur et de l'étouffer.

La compréhension lui vint soudain. Des expérimentations ? Mais que lui ont-ils fait ? Il était horrifié. Il avait pourtant vu pas mal de choses dans sa vie pourtant courte, mais rien ne l'avait préparé à ça. Parmi les images diffusées par Ken comme un kaléidoscope revenait un visage, semblable à celui de Ken et pourtant différent. Qui est ce ?

Ken répondit, comme dans un rêve, presque inconscient de la présence de Daïsuke dans son esprit :

Osamu, Sam… Mon jumeau, mon frère…Ils l'ont tué…

La douleur grandit encore, si c'était possible.

Une vague d'affection gagna Daïsuke. Il prit Ken dans ses bras et le berça comme il l'aurait fait pour un enfant tout en lui envoyant des pensées calmantes. Ken se laissa faire, trop épuisé pour ne serait-ce que penser faire autre chose. Ce n'est qu'une fois Ken calmé et endormi que Daï osa desserrer son étreinte.

Dans le sommeil, Ken avait une expression étrangement innocente. Une bouffée de haine pure vint à Daï en pensant au centre. Ils utilisent les gens sans même penser à leurs sentiments. Rien ne leur en donne le droit ! Ce qui lui ont fait… Impardonnable ! Doucement, il écarta une mèche sombre du visage de Ken. Il se sentait à présent étrangement proche de lui.

Il comprenait également pourquoi les barrières de Ken lui étaient nécessaires et qu'il y avait de fortes chances pour que la mort de son frère ne les ait que renforcées. Un tel traumatisme… c'est normal ! C'était probablement l'effondrement de ces mêmes barrières qui avaient causé ce bad trip chez Ken. Phobie du contact forcé, peur de l'émotionnel.

Epuisé, il se glissa dans le sofa à coté de Ken. Il faudrait amener la seringue à l'agence pour la faire analyser.

Demain était un autre jour.

Notes de l'auteur : Pfff ! Quel challenge ce chapitre ! J'ai failli ne pas l'écrire, d'ailleurs un peu à cause de Musashi (t'es trop malin, ça m'écoeure presque !) Mais je parie que vous ne vous attendiez pas trop à tout ça, je me trompe ? Hihi, je noircis un peu le tableau. Mon histoire n'est pas pour les enfants et je trouvais que j'avais été trop cool jusqu'à présent. Pas d'humour dans ce chapitre ce n'est ni le moment ni le lieu. Disons que c une préparation à ce qui vous attend dans la deuxième partie de mon fic ! J'aime particulièrement la description des « expérimentations » au niveau du vocabulaire et de la sémantique. Le thème du blanc revient souvent avec Ken…seulement ici ce n'est pas le symbole de la pureté (quoique) mais plutôt celui de la froideur, comme une anesthésie émotionnelle. Vous voyez ce que je veux dire ? Peut-être que vous ne comprenez pas bien, mais bon, on verra ça dans le chapitre suivant.

Oui, oui, je sais, dans la série originale, Osamu est le frère aîné de Ken (ils ont 3 ans de différence) mais là, on parle d'un programme génétique top secret ! Le projet Ichijôji (spéciale dédicace à Daryl… tu savais que Musashi s'était fritté contre l'école Yoshioka dans la plaine d'Ichijôji ?)Ce ne serait pas logique qu'ils ne soient pas nés en même temps. (ça fait un peu comme Vash et Knives dans Trigun…dédicace à Vashu ! L'abus de Trigun est dangereux pour la santé !)

Jikaï : Comment Ken et Daï vont-ils gérer la situation ? Quelques jours plus tard, rencontre avec Lord Gennai, le chef de « l'agence ». Une nouvelle mission sur le feu ! Cet enfoiré de Kaiser à un plan démoniaque pour provoquer un changement radical de gouvernement. Il va faire courir mes deux chéris…