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Chapitre 6 : Matin blême

Les yeux de Ken s'ouvrirent brusquement. Quelque chose n'était pas comme d'habitude, son esprit était étrangement cotonneux. Il bougea un peu et se rendit compte qu'il était à demi allongé dans son divan de cuir noir comme celui-ci émettait le craquement reconnaissable entre tous du cuir neuf. Ses yeux fixèrent la pendule digitale.

5h47…du matin sans doute. Ken n'avait pas le souvenir de s'être endormi et son corps ne semblait pas non plus s'être reposé. Sa tête pulsait douloureusement, comme si un trente trois tonnes utilisait ses synapses comme moyen de transport. Il s'étira précautionneusement, histoire de voir si rien ne manquait au check up :

Bras : 2

Jambes : 2

Endroit : Chez moi

Cerveau : Lourd

Il remarqua alors la piqûre à son bras gauche. Oww, c'est vrai, je me suis frotté au Kaiser. Je me demande comment je suis arrivé dans mon appartement .Ça aurait pu être pire, se dit Ken. Il avait déjà fait l'expérience de ce genre de petits matins existentiels.

Il tourna alors sa tête et aperçut Daï, profondément endormi. Mais qu'est ce qu'il fait sur mon canapé ??? Une brève vérification lui appris qu'il portait toujours les mêmes vêtements que la veille. Dire que c'était un soulagement serait un euphémisme. Cela dit, il ressentait l'urgent besoin de modifier son style vestimentaire.

Il choisit dans sa garde robes quelques vêtements pratiques, puis, sans se presser, il se dirigea vers la salle de bain. J'ai un air horrible se dit-il en se regardant dans la glace. Une douche s'imposait pour reprendre figure humaine. Se dévêtissant rapidement, il jeta négligemment l'ensemble noir qu'il portait sur le sol. Ça n'était pas dans ses habitudes, mais il se sentait trop raide pour ne serait ce qu'y accorder une pensée.

Le jet d'eau glacé lui fit du bien. Il s'adossa au mur, triant les sensations encore confuses de son cerveau, dues aux derniers effets de la drogue. Ce qui s'était passé le jour précédent…Le slow sur la piste de danse… Inconsciemment, Ken se lécha les lèvres. Il ne savait pas trop quoi penser de ce corps à corps. Il s'étonnait même de s'être autant laissé aller. Je dois avoir un moins bon contrôle sur moi-même que je le pensais… où bien peut être est ce Daïsuke. Daïsuke, qui dormait à présent dans son sofa. Ken soupira. Il n'avait pas l'habitude de se genre de situation et se sentait quelque part mal à l'aise.

Il ajouta de l'eau chaude, assez pour rendre la température plus supportable et prit une bouteille de shampoing. Il avait du maquillage jusque dans les cheveux. Ce qui faisait, à son humble avis, désordre. Machinalement, il vérifia ses barrières, pour s'apercevoir qu'elles n'étaient que l'ombre d'elles mêmes. Il se rappela soudain la brutale intrusion du Kaiser. Apparemment la drogue avait affaibli sa capacité à se protéger. Heureusement que l'amortisseur était télépathique était branché… Minute, comment cela se fait il ? Daï ne pouvait pas savoir qu'il en possédait un.

Soudain, il se souvint de la veille. Ses barrières béantes, les souvenirs incoercibles et Daï…

Il se tassa contre le mur, essayant de contrôler les tremblements de ses mains et le début d'une attaque de panique. Il se sentait si vulnérable…

Il avait autorisé Daï à voir en lui, à toucher son esprit. Lui aussi avait lu l'esprit de Daï et n'y avait vu que… de la compréhension ? Il prit une grande respiration, regagnant avec peine son sang froid. Priorité : minimiser les choses. Le contact du carrelage froid lui fit du bien tandis que le jet toujours battant sa peau lavait les dernières traces de savon.

Quelques minutes plus tard, il sortit de la douche. Ça ne servait à rien de trop réfléchir.

Il enfila rapidement des sous vêtements et un pantalon qu'il portait pour traîner chez lui. Il restait d'habitude torse nu mais enfila par décence un polo avant de regagner son salon.

Daï dormait toujours, la tête légèrement rejetée en arrière, visage et muscles détendus, l'air curieusement inoffensif pour quelqu'un d'aussi dangereux. Ken sourit pensivement. Il avait envie de le toucher, comme pour se prouver qu'il était réel.

Il haussa les épaules et se dirigea vers la cuisine.

Daï se réveilla en même temps qu'une délicieuse odeur se répandant dans l'air rappelait brutalement à son estomac que celui-ci était vide. Il s'étira comme un chat et laissa son nez le mener jusqu'à la cuisine.

Ken n'était pas un gros mangeur mais avait ses idées sur la nutrition. Prévoyant que Daï serait affamé, il avait préparé un solide petit déjeuner. Il fut récompensé par le coup de fourchette impressionnant de celui-ci. Ken ne pu s'empêcher de sourire en le regardant engloutir les trois quarts de ce qu'il avait préparé.

Levant temporairement le nez de son assiette, Daï jeta un coup d'œil à son collègue. Il n'était pas sûr que celui-ci se souvienne clairement de la veille et n'avait pas spécialement envie de retourner le couteau dans la plaie. Il s'éclairci la voix et dit :

euh, Ken, pour hier… Je voulais te dire merci pour avoir empêché le kaiser de me piquer.

Pas de quoi, c'était normal. Tu en aurais fait autant à ma place.

Hum, vraiment désolé pour…

Ken haussa les épaules.

- ça aurait pu être pire Daïsuke. Je n'aurais pas aimé me réveiller aux mains du Kaiser.

Ken avait sans doute raison. Peut être que le prix à payer était relativement faible finalement.

Quelques jours plus tard.

Lord Gennaï passa au dossier suivant. Le dossier « mind blower » sur lequel travaillaient les agents Raven et Cookie.

Raven, produit du projet Ichijôji…

Tout avait commencé il y avait plus de vingt ans. Gennaï était contre ce projet, mais il n'était pas à l'époque assez influent à l'agence pour que son avis ait le moindre poids. Il ne savait pas non plus qui était à la base de l'idée ayant donné naissance à ce projet, ni même pourquoi le centre avait trouvé nécessaire de créer une telle puissance. Sans doute que pour les bureaucrates de l'agence, Ken représentait le pouvoir qu'ils possédaient, une sorte de gri-gri vivant.

Il se souvenait parfaitement de la première fois ou il avait été autorisé à les voir. Ils avaient sept ans tous les deux et déjà dans le regard cette sagesse qu'on trouve chez ceux qui ont prématurément mûri ou beaucoup souffert.

Il se souvenait de la scène, ce laboratoire désespérément blanc, comme une négation de la couleur, les scientifiques y naviguant comme autant de fantômes désincarnés. Derrière la vitre sécurisée, ils le fixaient de leurs yeux d'un violet étonnant. Bien que jumeaux, leurs carnations et leurs chevelures étaient différentes, mais les yeux étaient les mêmes. Comme si ils pouvaient lire en lui, ce qui était sans doute d'ailleurs le cas. Ils se tenaient serrés l'un contre l'autre, la tête de Ken reposant sur la poitrine de son frère. Celui-ci se tenait derrière lui, un bras protecteur autour de la taille de son jumeau. Il émanait d'eux une grâce fragile un peu inhumaine, sans doute due à la coloration inhabituelle de leurs yeux et à la finesse de leur ossature.

Lord Gennaï s'était toujours demandé d'où venait le patrimoine génétique des deux frères.

Il se souvenait également à quel point Ken avait changé depuis la mort de son frère. De timide, il était devenu renfermé sur lui même, à tel point qu'il était l'un des rares agents à travailler en solo. Il était reconnaissant à Lady Arachna de lui avoir suggérer d'adjoindre Ken à Daïsuke. Quelque chose lui disait que le rouquin dissipé saurait sortir Ken de sa coquille.

L'agent Cookie…Tout un programme ! Efficace, pour sûr, mais aussi un sacré fouteur de merde à cause de son attitude « je fonce dans le tas et je réfléchis ensuite ». Malgré tout, grâce à ses dons assez inhabituels en hacking, infiltration et forçage de sécurités en tout genre, il pouvait se révéler déterminant dans une enquête, mais personne n'avait été jusqu'à présent assez patient pour le supporter. Peut-être que Ken, qui avait l'habitude de réfléchir assez pour deux saurait l'assagir un peu.

Malgré le dérapage au night goddess, ils avaient rapporté un échantillon de la drogue, ce qui avait permis de l'analyser. Comme le prouvait des tests effectués sur des victimes du produit, elle explosait littéralement les barrières psychiques tout en boostant les capacités psy. Jusque là, les cobayes n'avaient été que des enfants de technocrates mais Gennaï frissonnait en pensant ce que pourrait être l'effet sur des basses castes non habitués à de tels pouvoirs. Plus grave, le Kaiser s'était volatilisé et il n'avait toujours aucune idée sur l'identité de ceux qui le soutenaient dans l'ombre.

Il fallait tirer cette affaire au clair, raison pour laquelle il avait convoqué Motomiya et Ichijôji. Il les fit introduire par sa secrétaire.

Les deux agents le contemplèrent calmement tandis qu'il leur exposait la situation. Quasiment simultanément avec la disparition du Kaiser, des évènements inhabituels s'étaient produits dans les bas fonds. Des évènements d'origine psychique.

Je souhaiterais que vous continuiez d'enquêter sur cette affaire ensemble.

Il fixa Ken, s'attendant à un refus.

Un sourire un peu ironique parut sur les traits de Ken tandis qu'il répondait :

Pas de problème pour moi.

Il avait déjà collaboré avec d'autres agents. Manifestement, le courant ne passait pas.

Mais Daï avait quelque chose de plus, sans doute un contact plus facile, une aptitude naturelle à sympathiser avec autrui.

Daïsuke, lui, se demandait ce qui lui valait l'honneur de se voir attribuer Ken comme équipier. Il se demandait aussi pourquoi Gennaï leur laissait le choix. Pourquoi pas remettre le couvert après tout ? Ce n'est pas tous les jours qu'on peut contempler un tel canon ! Et puis il avait une bonne raison de continuer. Il mourait d'envie d'en coller une au Kaiser. Il répondit à Gennaï avec le sourire :

- Considérez que nous sommes partis !

Notes de l'auteur : hum, je pensais être plutôt sadique avec Ken, mais je viens de lire un fic ou l'auteur le fait vomir dans tous les coins, attraper un rhume, souffrir de claustrophobie et de schizophrénie et lui fait chanter des chansons d'Eminem !!!Avec mes sévices rigolos sur sa personne, je peux toujours aller me rhabiller !

Pitié, si jamais je dérape dans ce genre d'excès prévenez moi ! (Ken, chanter du Eminem ? ça ne cadre PAS du tout avec le personnage ! Ken est sophistiqué !)

Mais parlons un peu de ce 6e chapitre. J'aime bien la première scène, même si il m'a fallut une plombe pour l'écrire quasiment autant de temps pour l'écrire que Ken pour réaliser ce qui s'est passé. La deuxième, elle, s'est tapée quasiment toute seule et avant la première. Ça vous étonne ? En fait j'ai même tapé la première scène du 7e chapitre avant de taper le 6e chapitre.

Jikaï : Ken et Suke descendent dans les bas fonds ! Que se trame t'il dans l'ombre ? Premiers indices !

Plus généralement, dans la deuxième partie de ce fic : De la souffrance ! Des pouvoirs psy ! De nouveaux personnages ! Des retournements de situation ! Et…. Du Yaoi !!! (mais entre qui et qui ?)