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(herm) Aphrodite

Par Maria Ferrari

-Chapitre 21 - Déception-

Allen trouva sa sœur passablement énervée le lendemain. Elle remuait dans tous les sens, ne disait pas un mot et d'un seul coup, se figeait et restait immobile pendant quelques instants, paraissant réfléchir, et repartait aussi sec.

Allen finit par se décider et attrapa Serena par le bras pendant qu'elle passait à coté de lui pour la septième fois en deux minutes. Il la coupa dans son élan et faillit être renversé de la chaise où il était assis.

« Serena, qu'est-ce qui t'arrives ? », fit-il, inquiet, « Y a quelque chose qui cloche ? »

« Tu ne comprendrais pas… », murmura Serena. Si Allen avait horreur de quelque chose, c'était bien qu'on sous-estime ses capacités de compréhension.

« C'est peut-être à moi de juger si je comprends ou non… »

« Tu ne vas pas être content »

De même que pour la compréhension, qu'on sous-estime sa tolérance agaçait Allen, Dilandau lui en avait tellement fait voir et il s'en était pris tellement dans la figure dans l'année qui s'était écoulée qu'il s'estimait, à juste titre, blindé. Il réfléchit à ce qu'il avait appris au contact de Dilandau et opta pour la voix de la diplomatie.

« A te voir t'agiter comme un lion en cage, je devine que tu dois avoir un problème à résoudre… et va savoir, peut-être que j'ai la solution »

« ça m'étonnerait »

« Eh bien, sans doute que je ne l'ai pas, mais peut-être suis-je capable de te donner des pistes pour la trouver »

« Tu ne feras qu'empirer les choses »

« Mais enfin, laisse-moi une chance !! »

Serena baissa les yeux et réfléchit. Il avait raison : Elle devait lui laisser une chance, il avait beaucoup évolué depuis l'arrivée de Dilandau.

(Un bon point pour moi : Dilandau a débroussaillé le terrain un sacré coup… c'est bête que j'en veuille à mon alter-ego, il a fait beaucoup de choses pour moi après tout, c'est pas de sa faute si on le préfère… je m'embrouille !!)

« Allen… je veux juste que tu me promettes que tu ne te fâcheras pas… »

(Une confidence qui démarre par une phrase pareille, ça démarre très mal… mais peut-être qu'elle se fait des idées)

« Promis »

« Sûr »

« Oui… t'as quand même pas tué un homme ? »

« Bien sûr que non »

« Bon, bien, tu n'as rien à craindre alors, je ne vais pas te manger »

« Hier, quand Helena est venue… »

« La cousine de Sophie, elle est très gentille, un peu turbulente mais c'est de son âge… d'ailleurs, elle a le même âge que toi »

« Hum oui… heu… comment te dire ?... oh et puis zut, je crois que j'ai le béguin pour elle »

Allen fit des yeux comme des boules de billard.

(Elle aussi… elle aussi, elle est homosexuelle… ça n'arrive qu'à moi des trucs pareils… calme Allen, tout va bien, c'est pas si grave… tu as accepté pour Dilandau, tu dois l'accepter pour elle aussi… tiens, si ça se trouve, c'est pas vrai, elle te teste pour endurer ta tolérance)

« Hum… c'est une mode, donc ? », fit-il en manière de plaisanterie.

« Non… quand elle est arrivée en face de moi, ça m'a fait tout bizarre… j'dis pas que j'suis amoureuse, non, mais… elle me fait quelque chose »

(Elle a pas l'air de plaisanter, ça a l'air vrai ce qu'elle raconte… et voilà, ma sœur est homosexuelle, mais comment ça se fait, ça ???)

« Serena, juste une question », fit-il sérieusement, « Comment peux-tu toi aussi être homosexuelle ?... Moi, je croyais que si Dilandau aimait les garçons, c'est parce que toi, tu les aimais… »

« C'est ce que je croyais aussi… jusqu'à hier… va voir Folken, il t'expliquera mieux que moi… »

« Ah la la… vous avez vraiment décidé de me mener la vie dure toi et Dilandau », conclut Allen en secouant la tête.

« Désolé »

« Serena, je ne suis pas fâché et je ne le serai plus jamais pour des choses comme ça, ce qui s'est passé avec Dilandau m'a servi de leçon, je ne renouvellerai ce genre d'expérience pour rien au monde… ça me fait juste un peu bizarre, mais je m'y ferai… si ça se confirmait parce qu'après tout, ça ne t'a fait ça qu'avec une seule fille… à moins que tu ne m'aies pas tout dit ? »

« Non, c'est la première fois que ça m'arrive… »

« ça peut arriver qu'on soit attiré par quelqu'un de son propre sexe même quand on est hétéro, oui, ça arrive parfois !! »

« ça t'es déjà arrivé à toi ? », fit Serena en regardant son frère intensément. Celui-ci détourna les yeux et sa soeurette jura un instant qu'il rougissait

(ça, c'est à creuser), pensa-t-elle.

« En tous cas, ça m'étonnerait que je sois hétéro… pas si on en croit la théorie de Folken… et je la crois, il a certainement raison, ça ne peut être que ça »

« Sois pas si catégorique… laisse-toi au moins une chance de vérifier si c'est ça », invita Allen, « Oh, et, s'il te plait, fais attention avec Helena, elle est très gentille, mais je ne sais pas comment elle prendrait ça si elle l'apprenait »

Serena se mordit la lèvre. Il avait raison, elle pourrait très mal le prendre. Mais elle était attirée par elle. Avec un peu de chance, il pourrait y avoir attirance mutuelle. Mince alors, pourquoi ce genre de choses arriverait à Dilandau et pas à elle ? Elle méritait autant que Dilandau de vivre une belle histoire d'amour, y avait pas de raison, elle le méritait même PLUS que lui, sinon le monde serait d'une injustice plus que flagrante.

« Il faut que je lui dise ! »

« Serena… », implora Allen.

« Non… je vais pas rester comme une conne à crever d'amour pour elle alors que peut-être elle aussi est folle amoureuse de moi et qu'elle n'ose pas me le dire de peur de ma réaction et si on reste toutes les deux comme ça et ben et ben et ben », débita Serena à tout vitesse.

« Serena… tu n'as pas l'impression de te monter la tête ? Tu sais les chances qu'il y a pour que tu aies raison ? Sans doute même pas une sur mille et même encore moins… »

« Mais si j'ai raison ? ça serait trop bête de rester seule chacune de notre coté ? »

« Serena, tu fais ce que tu veux, je ne veux pas t'empêcher de faire quelque chose et que tu m'en veuilles après… quoi qu'il en soit, ne te monte pas trop la tête, ce n'est pas parce qu'elle te fait de l'effet que tu es amoureuse… »

« Si je ne lui dis pas, je vais le regretter toute ma vie… »

« Et si tu lui dis et qu'elle le prend mal ? »

« Peu importe… je préfère avoir des remords que des regrets !... Pas toi ? »

« Ton point de vue est parfaitement défendable, je l'avoue… Serena, tout ce que je veux, c'est que tu sois heureuse… alors, si tu décides de lui dire, je te souhaite bonne chance »

***

Le bruit d'un doigt toquant sur une porte. Van tourna la tête. A le voir, on aurait pu croire qu'il portait tout le malheur du monde sur ses épaules. Tout son être respirait la tristesse… et la teinte de son visage commençait à virer au gris.

Le doigt insista.

« Entrez », fit Van d'une voix faiblarde et résignée. Il savait qui se tenait derrière cette porte. Et il savait déjà ce que cette personne avait à lui dire. La porte s'ouvrit pour laisser place à Vargas.

« Vous n'avez pas mangé à midi… », sermonna-t-il.

(Et de un), pensa Van.

« Et on m'a dit que vous n'avez rien mangé non plus ce matin »

(Et de deux)

« Si vous continuez comme ça, vous allez vous affaiblir… »

Van soupira.

« Vous allez finir par en mourir… vous devriez avoir honte de vous préoccuper si peu de votre peuple et de ne pas vous soucier de le laisser tomber »

« Mon peuple se débrouille très bien sans moi », fit Van, (ce qui n'est pas mon cas sans Dilandau), rajouta-t-il intérieurement.

Vargas regarda de coté. Il avait espéré, par cet argument, culpabiliser Van et le forcer à mieux s'alimenter, à faire plus attention à lui. S'il parvenait à l'intéresser à quelque chose, il finirait peut-être par oublier Dilandau. Mais il avait l'impression que Van refusait de se relever, en fait, il commençait à croire que Van avait volontairement décidé de se morfondre dans son chagrin.

« Un jour, j'ai vu un homme mourir d'une drôle de manière »

Van fronça les sourcils. Vargas venait quasiment tous les jours pour le sermonner, chaque fois, le discours était à peu près le même. Mais là, ça changeait. Van prêta attention à ce que disait son mentor.

« C'était un de mes soldats… je l'ai vu dépérir de jour en jour… au début, j'ai cru qu'il avait attrapé une maladie grave… d'ailleurs, certains de mes soldats ont eu la trouille que ce soit contagieux… avant de mourir, il m'a avoué qu'il avait pris une sorte de médecine pendant très longtemps… c'était une médecine à base d'herbe rare… apparemment, il l'achetait très cher… cela le faisait se sentir bien… extrêmement bien… un jour, très peu de temps avant qu'il tombe malade, celui qui lui fournissait cette… substance… est tombé à court… et mon soldat n'a pas pu avoir sa dose quotidienne… car il en prenait une fois par jour… et il a commencé à se sentir très mal… cela lui manquait… cela lui a tellement manqué qu'il a fini par en mourir quelques jours plus tard… »

« Où veux-tu en venir ? », questionna Van.

« Votre médecine à vous, Maître Van… celle qui vous faisait vous sentir bien… c'était Dilandau »

Vargas se rapprocha de la porte et l'ouvrit, prêt à partir.

« Je ne veux pas qu'il vous arrive ce qui est arrivé à mon soldat », fit-il avant d'ouvrir la porte.

« Alors, redonne-moi de ma médecine », implora Van comme si Vargas pouvait exaucer son souhait.

« Je n'apprécie pas vraiment Dilandau… mais s'il était en mon pouvoir de le ramener, je le ferai... rien que pour vous rendre le sourire et l'appétit… hélas, j'en suis bien incapable »

Vargas se retira. Van resta les yeux dans le vague.

(Non, Vargas, ce n'est pas en ton pouvoir… mais moi, je peux le faire… si je m'aide d'un objet… mais ce n'est pas bien… Folken sera furieux s'il apprend que j'ai fait ça, il a bien dit qu'il ne fallait s'en servir que si c'était vraiment nécessaire… mais c'est nécessaire, je me sens tellement mal… hum, si je le fais, personne n'en saura rien de toutes façons… qui irait se douter…)

***

Serena marchait dans Palas à la recherche de la maison, SA maison. Elle ne pouvait plus tenir, il fallait qu'elle sache. Elle finit par s'arrêter devant une maison d'apparence vaguement bourgeoise. Elle se posta devant la porte et prit une profonde inspiration. Elle dirigea une main hésitante vers le marteau de la porte, puis, retira sa main brusquement. Elle allait tourner les talons lorsque la porte s'ouvrit d'elle-même, ou plutôt, c'était Helena qui l'avait tirée pour sortir.

« Oh… c'est… c'est la sœur d'Allen… heu… Serena, c'est ça ? Bonjour ! », fit l'adolescente.

(Elle a mis du temps à se souvenir de mon prénom !)

« ça va ? », continua-t-elle devant le silence de Serena.

(Elle m'a d'abord appelée "la sœur d'Allen" !)

« Hé ho ? »

« Quoi ? », fit Serena en reprenant ses esprits.

« Tu vas bien ? T'es bien silencieuse ? Qu'est-ce que t'es venu faire ici ? »

« Rien… rien du tout… je passais… c'est tout »

« Ah bon… bah salut, alors… j'dois y aller, on m'attend »

Après ces mots, Helena ferma sa porte à clé et s'éloigna. Serena la suivit des yeux et se rendit compte qu'un garçon, qui était caché dans une ruelle, se montra et lui fit bonjour de la main, elle le rejoignit et jeta un coup d'œil furtif derrière comme pour vérifier que personne ne la voyait avec ce garçon. Mais Serena l'avait vu, et quand elle le vit passer son bras autour de sa taille et l'embrasser avant de disparaître dans la ruelle, ce fut comme un dernier coup dans la figure et une confirmation de ce qu'elle avait déjà compris.

(Quelque part, j'ai de la chance, elle aurait pu se souvenir de mon prénom tout de suite, et j'aurai été lui avouer mon amour comme une conne, et je me serai fait méchamment rembarrée)

Malgré ça, elle ressentait quelque chose dans son ventre qui était très désagréable. Elle repartit vers le manoir. Elle marcha, au début lentement, puis, de plus en plus vite, au bout d'une vingtaine de mètres, elle se mit à courir.

Arrivée au manoir, elle se précipita dans sa chambre, claqua la porte, s'enferma à clé et poussa un hurlement aigu. Elle trépigna ensuite en continuant d'hurler. Elle se calma, s'appuya sur la porte et se laissa glisser sur les genoux.

« Pourquoi ?... Pourquoi Dilandau a-t-il droit à de meilleures choses que moi ?... c'est pas juste !... c'est pas juste ! »

Les larmes roulèrent sur ses joues.

-A suivre-