Captain Tsubasa Fan Fiction ❯ I know her by heart ❯ Chapitre 7 ( Chapter 7 )

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Chapitre 7 - mukou ittara, tegami kure yo. Ore mo, henji kaku kara sa….*
 
 
Matsuyama-kun,
Il y a tellement de choses que j'aurais voulu te dire avant de partir. Je n'ai pas eu le temps… Avant toute chose, je voudrais te dire combien je souhaite que cette défaite face à Nankatsu ne t'ait pas trop démoralisé (même si bien évidemment je sais que ça n'a pas du être évident pour toi). Ton jeu a été excellent, tu le sais n'est-ce pas ? Les sélectionneurs l'auront certainement remarqué. Tu partiras en Europe, tu seras titulaire de l'équipe nationale cadets, et tu joueras tous les matches, j'en suis persuadée. J'ai confiance en toi. Et je sais, ta nature étant ce qu'elle est, qu'au moment où tu recevras cette lettre, tu auras dépassé cela, et déjà tu regarderas droit devant toi vers les autres victoires que la vie a à t'offrir.
 
Quant à moi… Eh bien, je te mentirais si je te disais que je me sens vraiment à ma place ici. Tout est si nouveau, si immense, je ne connais personne…. J'ai l'impression d'avoir perdu tous mes repères, et je ne sais pas vraiment quoi faire de ces longues vacances qui se profilent devant moi. Mes habitudes sont un peu chamboulées… il n'y a pas de sanctuaires, ici, évidemment, donc pas de festivals d'été auxquels aller, et puis, pas de feux d'artifice, non plus… Enfin. Je sais qu'il faut que je commence à m'adapter au mode de vie américain, et puis papa semble tellement heureux de nous avoir enfin près de lui. Je suppose qu'on a du lui manquer, quoi qu'il en dise.
Mais… il me faudra encore un peu de temps pour trouver mes marques, je suppose.
 
Il fait vraiment très chaud ici. Je crois que la fraîcheur de Hokkaido me manque déjà…
 
Prends bien soin de toi.
 
Fujisawa Yoshiko
 
 
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Si je devais me décrire, je pense que j'opterais spontanément pour des caractéristiques viriles, des adjectifs bien masculins, tels que "courageux", "intrépide", "vaillant", enfin, ce genre de choses, quoi.
 
 
Fujisawa !
J'ai été retenu dans la sélection finale ! Je fais partie des 17 titulaires sélectionnés ! Je pars pour l'Europe ! Quelle joie !
Il est prévu qu'on parte s'entraîner en Allemagne, à Hambourg, dans un premier temps. Je pense qu'on y disputera un ou deux matches préparatoires, avant de tourner dans toute l'Europe pour des matches amicaux. Ils seront sans doute diffusés à la télé. Je ne sais pas si tu reçois nos chaînes, là où tu es… Si c'est le cas, regarde-moi jouer s'il te plait !
 
Je suis formidablement excité à l'idée de voyager en Europe. Moi qui n'ai jamais quitté le Japon… Je sais que c'est une chance inespérée, je suis vraiment heureux de pouvoir la saisir, et je sais que je la dois au football. Cette simple pensée me galvanise pour m'entraîner encore davantage, encore plus fort.
 
Fujisawa, merci de toujours m'encourager comme tu le fais. Je ferai tout pour me montrer à la hauteur de ta confiance !
 
Porte-toi bien.
 
Matsuyama Hikaru
 
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Quoi qu'il en soit, le qualificatif "sentimental" n'est probablement pas celui qui me viendrait à l'esprit en premier.
 
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Matsuyama-kun… Bravo ! Je te l'avais dit, tu vois ? Je suis tellement heureuse pour toi. Je ne sais pas si tu recevras cette lettre à temps… tu seras peut-être déjà parti pour l'Europe quand elle arrivera…
Ce n'est pas grave. Je regrette seulement de ne pas être là pour t'encourager avant ton départ. Je le faisais toujours, avant, tu te souviens ? Mais je suis certaine que tous tes amis, à Furano, encourageront leur capitaine comme il se doit. Ils doivent être si fiers de toi, Matsuyama-kun. Je le suis aussi.
Il semble que ces six semaines de vacances d'été te seront bien remplies, finalement, n'est-ce pas ?
 
Papa a fait installer le câble à notre arrivée ici, et depuis quelques temps, nous recevons donc la télévision japonaise. Je regarderai tous les matches sur le câble, et je veux que tu saches que toutes mes pensées iront vers toi. Je t'encouragerai comme je l'ai toujours fait, même si c'est de loin.
 
Fujisawa Yoshiko
 
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Pourtant, je peux l'avouer, encore maintenant, après toutes ces années, il n'y a pas une seule lettre d'elle que je n'ai pas gardée précieusement. Et dieu sait qu'on a échangé beaucoup de correspondance, elle et moi, quand j'y repense... D'abord durant les longs mois qu'elle a passés aux Etats-Unis avec ses parents, bien sûr, mais aussi pendant nos années au lycée, puisque même à cette période, il est quelque fois arrivé qu'on soit éloignés l'un de l'autre pour une raison ou une autre durant de courtes périodes.
 
Mais bizarrement, je garde une tendresse particulière pour nos échanges épistolaires de cet hiver-là. Il n'en a pas toujours été ainsi de tous les courriers qu'on s'est envoyé par la suite, mais ceux envoyés de part et d'autre au cours de ces longs mois furent on ne peut plus innocents et sages, et c'est peut-être ce qui m'attendrit dans ces lettres… leur côté ingénu.
 
 
 
Fujisawa,
Nous voilà à Hambourg. Comment tu trouves cette carte ? Un peu triste, non ? En tout cas elle est bien moins impressionnante que la vue de Manhattan que j'ai reçu de toi avant de partir. J'ai rien trouvé d'autre, pas facile, je ne parle pas un mot d'allemand et on loge dans un coin un peu reculé, y'a pas grand chose ici. Haha !
 
Ah, mais tu sais, les infrastructures d'entraînement sont incroyables, rien à voir avec chez nous... Nous avons joué un match amical contre Hambourg, la meilleure équipe d'Allemagne Et nous y avons retrouvé Wakabayashi, après 3 ans… Il est toujours aussi incroyablement doué ! Je ne te parle même pas de son coéquipier Karl-Heinz Schneider. Ce fut une défaite, hélas, qui nous a permis de réaliser l'énorme différence de niveau qui existait entre le football japonais et européen. Mais je pense que cette déconvenue ne peut que nous motiver à nous entraîner davantage et à donner le meilleur de nous. A partir de là, on ne peut que faire mieux.
Je crois que j'avais oublié de te le dire, mais suite à sa démission, Hyûga a choisi de me nommer capitaine à sa place. Je lui suis infiniment reconnaissant de sa confiance. C'est une immense fierté, pour moi. Je ferai tout pour me montrer à la hauteur.
 
Il nous reste quelques matches amicaux à disputer ici, puis nous devrions partir en tournée en Europe, puis ce sera la France, pour disputer le tournoi international junior des moins de 16 ans.
 
Je t'écrirai de chaque ville que nous visiterons. C'est une promesse !
 
Fais bien attention à toi,
 
Matsuyama Hikaru
 
 
 
Je ne lui avais pas donné d'adresse où m'écrire en Europe. C'était inutile, puisque nous ne restions jamais plus de deux jours de suite au même endroit. Quant à la France, j'ignorais combien de temps j'y resterais, car la durée de notre séjour dépendrait de nos victoires dans ce tournoi.
Et puis, accessoirement, je savais pertinemment que si les autres gars avaient eu vent de ce que je recevais du courrier d'une fille, je n'aurai plus vu la fin de leurs quolibets jusqu'à ce que j'aie l'âge d'aller à l'université.
J'ai encore largement droit aux plaisanteries de la part de cette bande de jaloux célibataires, mais je m'en moque complètement, à présent. Leurs fanfaronnades ne me font pas plus d'effet que la pluie sur le verre. Au contraire, je suis ridiculement fier d'elle, sa présence dans ma vie me comble d'orgueil, et pour un peu, je m'en vanterais presque au près du tout venant.
J'ai du mal à imaginer qu'à l'époque ce genre de détails insignifiants m'importait, mais bon, j'avais 15 ans…
 
Il n'en reste pas moins que je fus heureux comme un enfant, en rentrant chez moi, de trouver ses lettres.
 
Il me fut difficile de m'arracher des griffes de ma sœur, qui, avide de détails quant au « tour inattendu qu'avait du prendre cette relation Capitaine-Manager pour que cette dernière envoie des lettres à la maison », me posa mille questions toutes plus grotesques les unes que les autres. Mais quand j'y parvins enfin, je pus m'isoler dans ma chambre, et, assis sur mon lit, j'entrepris de décacheter ses lettres les unes après les autres.
 
Même si ça n'était qu'à posteriori, même si la victoire qu'elle avait souhaité si fort m'avait effectivement été acquise, je bus les paroles d'encouragement qu'elle m'avait écrites comme un vieil homme fatigué le ferait d'un nectar de jouvence. Je les lus et les relus des dizaines de fois avec ferveur, retraçant d'un doigt léger les mots tracés de son écriture soigneuse et un peu enfantine, que je connaissais bien pour l'avoir si souvent vue, nettement calligraphiée, sur tous nos plannings et tableaux du Club de Foot de l'école.
 
Matsuyama-kun,
 
Merci pour cette carte de Paris, elle est si jolie…
En ce moment avec Maman, nous passons beaucoup de temps en centre ville. Je t'ai envoyé une petite vue de Times Square de nuit, j'espère qu'elle te plaira.
Tu sais, ici l'ambiance est très vivante et très animée, et cela reste ainsi jusqu'à n'importe quelle heure de la nuit. Tu peux entrer dans un super marché à 10 heures du soir et y faire tes courses ! Et les restaurants servent jusqu'à tard dans la nuit ! Cela change de Furano, n'est-ce pas ? ^^;
Quoi qu'il en soit, je ne me sens pas vraiment très à l'aise, n'étant pas habituée à tant d'urbanisation.
 
Ah, pour le match de demain contre la France... Matsuyama-kun, je compte sur toi pour faire de ton mieux. Tu liras sans doute cette lettre à ton retour au Japon, mais ce n'est pas grave, je sais que vous serez victorieux. Je suis très heureuse et très fière de notre équipe, et aussi très fière de toi.
Je vais me lever très tôt, et regarder ce match, ainsi que le match de finale, en t'encourageant à chaque instant.
 
Porte-toi bien, s'il te plait.
 
Fujisawa Yoshiko
 
 
Mais là, c'était différent. Ces mots-là, elle ne les avait tracés que pour moi… Et j'eus beau me morigéner intérieurement pour cette attitude insensée qui ne me ressemblait en rien, je ne pus m'empêcher de sentir mon cœur battre fort en les lisant. Je me demandai s'il lui arrivait la même chose quand elle lisait les horribles pattes de mouche que je lui avais envoyées d'Europe.
 
Quand elle m'a dit, beaucoup, beaucoup plus tard, qu'il lui arrivait même de dormir avec, j'ai refusé de la croire pendant bien longtemps.
 
 
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Le mois de septembre arriva, un mois de septembre sec et froid qui figea le paysage de Furano dans une grisaille morne. Avec lui, débuta le deuxième trimestre.
 
Je fus plutôt intimidé par l'accueil que je reçus à mon retour à l'école. Bon, je ne m'attendais pas à autre chose qu'un accueil chaleureux, évidemment, mais ce remake du retour de l'enfant prodigue, « celui qui a mené Furano jusqu'en demi-finale du championnat inter-collèges, puis qui a été remporter la victoire pour notre pays jusqu'en Europe » me mit franchement mal à l'aise.
 
Je me sentais bien évidemment très ému et très fier de ce que nous avions accompli, mais me retrouver ainsi au centre de l'attention générale était déroutant, sans parler de ce succès subitement devenu démesuré auprès de la gent féminine de l'école, qui me mit au comble de l'embarras.
 
En dépit des louanges et des accolades, ce retour à Furano ne me fut donc pas spécialement réjouissant.
Pour me changer les idées, je repris sans plus attendre mes habitudes d'avant les vacances d'été.
 
Ce matin-là, je sortis de chez moi à l'aube pour rejoindre le stade de l'école. Un vent absolument gelé soufflait dehors.
Ici, à Hokkaido, les températures sont déjà fort hivernales en septembre, particulièrement le matin.
Pas grave, j'ai depuis longtemps l'habitude des conditions climatiques rigoureuses de notre île et de la morsure du froid du matin, et ce n'est certes pas ce petit détail qui me ferait renoncer à cette routine matinale.
 
Je sais que je n'ai pas le talent inné d'un Tsubasa ou d'un Misugi. J'ai parfaitement conscience d'être un joueur sans prédispositions réelles. Mais en dépit de cela, j'ai depuis toujours le souhait de me hisser au plus haut. Et j'ai l'intime conviction que je n'y parviendrai qu'à force de persévérance et de ténacité. C'est-à-dire en m'entraînant vraiment sans relâche, avec acharnement, sans jamais me décourager ni faiblir. C'est la raison pour laquelle je ne ménage pas mes efforts, la raison pour laquelle je suis présent sur ce stade avant même le lever du soleil tous les matins, et tous les soirs après les cours bien après que le soleil soit couché, tous les jours de la semaine, depuis toutes ces années.
 
Je revins donc ce matin-là sur le bon vieux terrain de foot de l'école, et je le revis avec plaisir malgré sa bien piètre figure face aux infrastructures européennes auxquelles j'avais pu goûter au cours des semaines passées…
 
Septembre à Furano est agréable pour l'entraînement, parce que la chaleur de l'été est déjà loin, mais qu'il n'y a pas encore de neige. Evidemment, dès le mois d'octobre, il faut d'abord dégager la neige pendant une bonne demi-heure avant de pouvoir évoluer confortablement sur le terrain…. Durant ces trois années, comme j'étais toujours le premier arrivé sur les lieux, c'était en général à moi qu'incombait la corvée. Parfois d'autres joueurs me donnaient un coup de main, mais la plupart du temps j'étais seul.
 
Tout en commençant mon footing, je me souvins alors qu'un matin, vers la fin de l'hiver dernier, Fujisawa était venue me prêter main forte à l'improviste. Elle avait vaillamment soulevé de petites pelletées de neige à côté de moi, pendant que tout en dégageant la neige, je lui déblatérais je ne sais quel discours (sans doute totalement dénué d'intérêt, d'ailleurs). Ce n'est qu'au bout d'une vingtaine de minutes que je m'étais aperçu qu'elle ne portait pas de gants. Je n'en portais pas non plus, parce que j'étais depuis longtemps habitué au froid du matin. Mais elle pas, et ses mains étaient rouge vif.
 
"Mais… Fujisawa ! Tes mains, elles sont gelées !" m'étai-je exclamé, alarmé.
 
Spontanément je les avais attrapées dans les miennes pour les frictionner et les réchauffer, comme je l'aurais fait sans même y réfléchir pour n'importe lequel de mes amis.
Mais Fujisawa était une fille, moi un mec, et préoccupé que j'étais par la couleur écarlate qu'avaient prises ses mains, je ne m'étais pas tout de suite rendu compte que vis-à-vis d'une jeune fille, ce geste familier était plus que déplacé.
Elle, par contre, avait du s'en rendre compte apparemment, à en juger par la stupéfaction qui s'était peinte sur son visage.
 
Quand j`eus enfin réalisé ce que j'étais entrain de faire, c'est-à-dire tenir les mains d'une fille - et en l'occurrence Fujisawa - dans les miennes, je suis resté figé sur place.
Curieusement, ce n'était pas l'idée d'avoir fait preuve d'incorrection avec ce geste inconvenant qui m'ôtait ainsi mes moyens, mais bel et bien cette émotion inattendue, inconnue et totalement indéfinissable, qui avait afflué en moi comme une vague dès lors que mes mains avaient touché les siennes. Cette sensation étrange, cette chaleur au creux de l'estomac, mes mains tremblantes… mais qu'est-ce qui m'arrivait ?
 
S'il s'était agi d'une autre fille, je lui aurais probablement demandé pardon pour cet excès de familiarité bien involontaire, et je n'y aurais sans doute même plus pensé une seconde plus tard. Pourquoi est-ce que c'était différent tout à coup ? Pourquoi est-ce que j'étais troublé à ce point pour quelque chose d'aussi trivial ?
 
"Oh… excuse-moi, je n'ai pas voulu…" avais-je murmuré d'un air mal assuré, en relâchant ses mains.
 
"Ce n'est rien."
Elle m'avait alors gratifié d'un sourire un peu désabusé, que sur le moment je pris pour de la réprobation légitime quant à mes manières déplacées. Puis elle s'était retournée vers le tas de neige à ses pieds, et avait recommencé à y donner de petits coups de pelle.
 
Ce que j'ai pu être débile...
Des années-lumières plus tard en ce matin de septembre, en frappant dans le ballon de toutes mes forces sur ce même terrain, je compris avec amertume que si j'avais été moins abruti, cet incident aurait du suffire à me faire prendre conscience de ce que je ressentais pour elle. C'est dingue quand même, plus à l'ouest que moi, tu meurs.
 
J'avais éprouvé un sentiment de dépossession assez violent le jour du départ de Fujisawa, sentiment doublé d'une impression de culpabilité pour la manière dont j'étais demeuré aveugle face à l'évidence de nos sentiments réciproques, pour la stupidité dont j'avais fait preuve, pour tout ce temps perdu…
Oui mais, malgré tout cela, par la suite mes pensées avaient été constamment occupées par d'autres questions relativement urgentes, de sorte que je n'avais pas réellement eu le temps d'en concevoir un chagrin véritable.
 
Au contraire, mon état d'esprit, rendu hypra-positif par tout ce qui nous arrivait de beau et de fort avec l'équipe nationale, me faisait voir les choses du bon côté, et j'étais plutôt ravi de la situation.
 
Ce n'était pas vraiment le fait d'avoir reçu une marque d'intérêt significative de la part d'une fille qui me mettait dans cet état-là. Parce que, même si je ne l'avais jamais recherché et que cela me mettait plus mal à l'aise qu'autre chose, j'étais conscient d'avoir du succès auprès des filles depuis mon entrée au collège (je me fais l'effet d'un poseur en disant cela, mais c'est pourtant vrai). Je ne vécus donc pas cet état de fait comme une nouveauté.
 
Ce qui l'était, par contre, c'est qu'à présent tout était différent. Pour la première fois, je ressentais quelque chose pour quelqu'un. En prendre conscience avait totalement chamboulé mon existence. Et mieux, elle m'aimait en retour ! Et parce que j'avais été déterminé à ne pas la laisser partir sans qu'elle sache que je l'attendrais quoi qu'il puisse arriver, on avait même pu partager un ultime moment ensemble, que ni elle ni moi n'oublierions jamais.
 
Et j'avais déambulé dans les rues de Paris avec un sourire béat aux lèvres durant toute la durée du tournoi international junior des moins de 16 ans.
 
Hélas, ce noble état d'esprit me déserta quelque peu en rentrant à la maison. L'excitation de la victoire retombée, je vécus assez mal ce retour en ce qui fut le lieu de nos rencontres quotidiennes, ce lieu où, désormais, elle n'était plus.
 
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C'est avec un serrement au cœur que je dus passer mon brassard de capitaine à un élève de deuxième année.* Je n'en poursuivis pas mois avec une vigueur égale mes entraînements matinaux, évidemment, mais d'emblée mes activités au sein du club de foot me manquèrent amèrement.
 
D'une certaine manière, je me sentais un peu vide… Il m'arrivait parfois, pour m'occuper, de passer au local du Club de Foot du collège pour voir les nouveaux joueurs de l'équipe de football de Furano, pour discuter stratégie avec eux en vue des compétitions d'automne et pour les coacher un peu …
 
…mais cette pièce…
 
Je l'avais si souvent vue ici, assise à cette même table, occupée à griffonner je ne sais quoi sur je ne sais quel registre, à partager un thé avec Machida en blaguant de tout et n'importe quoi, son rire clair raisonnant à travers la pièce à intervalles réguliers… que même cet automne-là, alors que je la savais loin, je la cherchais encore machinalement des yeux à chaque fois que j'y entrais, comme je l'avais fait chaque jour, sans même m'en apercevoir, au cours de ces trois années.
 
Machida avait bien sûr raccroché aussi pour se consacrer à ses révisions, et la nouvelle manager était une fille de première année, qui n'était pas souvent là d'ailleurs, je crois même que je ne l'avais jamais vue.
 
Je me sentais abattu quand je retournais là-bas, malgré la gentillesse des nouveaux joueurs et les « Matsuyama-senpai » vibrants d'admiration dont ils m'abreuvaient constamment.
 
Partout, ces visages étrangers me rappelaient qu'il y avait une seule personne que je voulais réellement voir, que chaque fibre de mon être réclamait sa vue, et qu'elle n'était pas là.
Malgré moi, mes yeux la cherchaient. Tout le temps. Autour de moi dans chaque recoin de cette école, tout criait son absence.
J'avais envie de la voir.
 
Je compris alors que les sentiments que j'avais éprouvés le jour de son départ étaient ceux d'un enfant gâté à qui on confisque un jouet. Et que je l'aimais différemment à présent, d'un amour que l'absence avait aiguisé, que la sensation de manque avais décuplé.
 
Le foot me manquait. Fujisawa me manquait plus encore. Jamais je n'en pris autant conscience qu'au cours de cet automne-là. Alors que pour tout le monde, la vie suivait son cours, moi j'avais l'impression que la mienne s'était arrêtée à la fin des vacances d'été.
 
(à suivre…)
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Notes de l'auteur :
 
Parmi les reviews reçues sur un autre site pour les chapitres précédents, certaines me demandaient de donner une petite traduction des titres japonais de mes chapitres. Mina-sama, gomen ne ! Je regrette sincèrement de ne pas y avoir eu cette idée toute seule ! T_T
Comme j'ai le mauvais défaut d'écrire avant tout pour moi, j'avoue que je n'y avais pas pensé. Voilà l'erreur rattrapée pour ce chapitre ! ^___^ J'éditerai les autres chapitres plus tard.
 
1) Ecris-moi, quand tu seras là-bas. Et je te répondrai… (Matsuyama Hikaru, dialogue original tiré du manga)
 
2) Au cours du deuxième trimestre, les élèves de dernière année de collège sont contraints de faire l'impasse sur leurs activités extra-scolaires pour se consacrer intégralement aux révisions relatives au concours d'entrée du lycée de leur choix, qui a lieu au mois de février (mars pour certains lycées publics).