Captain Tsubasa Fan Fiction ❯ I know her by heart ❯ Chapitre 10 ( Chapter 10 )

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Chapitre 10 - konya wa, mongen ga arimasen…*
 
 
 
 
Tout comme avant, j'ai continué à sacrifier la quasi-totalité de mon temps libre après les cours au football et à mon entraînement sportif. Cette vieille habitude ne fit que s'intensifier avec mon entrée au lycée, puisque les senpai du club de football me nommèrent d'office capitaine de l'équipe de Furano.
 
Et comme au collège, je me sentis totalement dans mon élément. Tous les jours, je donnais tout ce que j'avais pour m'acquitter au mieux de la responsabilité qui m'avait été confiée. Jouer, motiver mes joueurs, m'entraîner sans relâche, parfaire mes techniques, mon esprit ne connaissait pas d'autre priorité. A cause des examens j'étais resté des semaines sans entraînement véritable, il me fallut donc lutter ferme pour reprendre le dessus, mais il brûlait en moi une volonté farouche que rien ni personne ne pouvait arrêter.
Et puis, les infrastructures sportives du lycée de Furano étaient fabuleuses et me permettaient de passer des heures à m'entraîner de manière exhaustive. Il m'arrivait très souvent d'y arriver avant le lever du soleil pour m'entraîner avant d'aller en cours, et d'y retourner ensuite, pour y rester souvent jusqu'à huit heures du soir.
 
Dans un sens, donc, c'était… presque comme si rien n'avait réellement changé.
 
…et pourtant, tout était différent.
 
Mes yeux la cherchaient toujours… mais désormais, j'en avais conscience et je l'avais complètement accepté. Et cela changeait tout. Dès lors que son joli visage apparaissait dans mon champ de vision, et même si je n'en montrais rien, je sentais un frisson d'allégresse parcourir mon corps. Elle n'était plus manager de l'équipe puisqu'elle siégeait au Conseil des Elèves depuis que nous étions entrés au lycée, mais elle venait souvent me rendre visite le matin avant que les cours ne commencent, et parfois aussi le soir.
J'étais toujours heureux de la voir. Elle était gaie comme une enfant, elle riait beaucoup et avait des tas d'attentions adorables... Toujours, elle veillait à ce que mes innombrables petites blessures soient correctement soignées, quitte à s'en charger elle même (elle avait l'habitude de mon jeu maladroit, disait-elle pour me taquiner).
Oui, la vie était différente, mais délicieuse, depuis son retour.
 
J'avais conscience des regards nouvellement intéressés que les autres garçons posaient sur elle, mais cela ne me faisait ni chaud ni froid. Elle, elle ne regardait que moi.
Et rien d'autre ne m'importait que ça.
 
Car nous formions un couple, désormais.
 
J'avais eu vaguement conscience, quand je n'étais encore qu'un gamin puéril qui ne s'intéressait à rien d'autre qu'au sport, que la vie d'un couple était jalonnée d'une foule de petits évènements que je trouvais, à l'époque, tout à fait ridicules et niais.
 
Pourtant, j'étais absurdement fier d'y prendre part, à présent. J'avais très nettement conscience de ne pas me montrer suffisamment attentionné au quotidien à l'égard de Yoshiko faute de temps, et c'était en partie pour cette raison que je mettais un point d'honneur à ne laisser passer aucune de ces occasions quand elles se présentaient.
Mais peu à peu je me rendis compte que j'y attachais autant d'importance (sinon plus) qu'elle.
 
D'ailleurs, je n'avais pas eu la patience d'attendre la cérémonie de fin de notre troisième année de collège, et j'avais profité de White Day* pour lui donner, les joues en feu, le second bouton de mon uniforme*. En riant, elle avait déclaré que cela la touchait d'autant plus que j'en aurais fort probablement tiré un fort beau pactole si je l'avais vendu aux enchères au collège (ce qui me laissa un peu stupéfait). Mais plus tard, elle m'avait chuchoté sur un ton câlin qu'un jour peut-être elle recevrait aussi celui de mon uniforme du lycée, et qu'alors elle serait comblée.
 
Et, même si le reste du temps je n'étais pas vraiment disponible pour elle, nos vies avaient dès lors été émaillées de tas d'autres petits moments comme celui-là.
 
Notre rentrée au lycée ensemble, notamment, fut un chouette souvenir. Nos premières sorties le soir avec notre groupe d'amis, au cours de cet été-là. Elle, complètement ravissante en yukata, juste comme je l'avais imaginé. Et moi, super fier quand je réussissais à faire tomber les plus jolies peluches dans les stands de jeu des fêtes foraines où nous allions tous ensemble après les feux d'artifice, dans le but unique (et non avoué, évidemment) de voir pétiller dans ses yeux cette petite flamme joyeuse quand je les lui donnais ensuite.
 
Nos anniversaires respectifs, puis notre premier Noël, qui fut notre première sortie véritablement seuls*.
La première fois que nous sommes allés prier ensemble pour la nouvelle année, moi faisant mine de découvrir avec excitation ce que prévoyait le omikuji* que j'avais tiré au sort (mais en réalité, complètement remué de la voir si jolie en furisode…).
 
Elle avait, aussi, beaucoup ri de ma mine déconfite lorsqu'au jour de la Saint Valentin, j'avais trouvé des tas de chocolats* dans mon getabako, mais rien de sa part à elle. Ca faisait pourtant presque un an qu'on était ensemble !
En fait, elle avait attendu notre retour à la maison ensemble ce soir-là pour me donner le sien, avec un petit air confus très mignon. J'avais pris sa main et l'avais attirée jusqu'au jardin d'enfants près de chez nous. Et, assis face à face sur les balançoires du parc abandonné, on avait englouti le reste des chocolats ensemble, en bavardant de choses et d'autres et en riant aux éclats.
 
Ah oui et puis, il y eut aussi mon premier soubresaut de jalousie, toujours en première année de lycée, quand je me suis rendu compte qu'un type de sa classe s'adressait à elle en l'appelant Yocchan.
Tant de familiarité insolente m'avait indigné au delà des mots. Hallucinant, non mais il se prenait pour qui, lui ? Même moi, à cette époque-là, j'en étais toujours à l'appeler par son nom de famille !
En maugréant, j'ai grommelé à Yoshiko que dorénavant je ne voulais plus qu'elle laissât d'autres garçons que moi se monter si familiers envers elle.
 
Elle parut méditer la question un instant… puis elle eut une réaction insensée (en tout cas, à mes yeux).
 
"Kyaa ! Matsuyama-kun … c'est trop mignon !!" hulula-t-elle en s'agrippant à mon bras en plein milieu du couloir de l'école.
Le visage cramoisi jusqu'à la racine des cheveux, je parvins à bégayer une bêtise du genre "A-a-arrête ça tout de suite, tu vois pas que tout le monde nous regarde !?" mais cela eut pour unique résultat d'augmenter davantage encore son hilarité.
 
En pouffant de rire, elle ajouta :
"mais maintenant que j'y pense… il y a un autre homme qui m'appelle par mon prénom. Est-ce que ça t'ennuie ?"
"Dis-moi tout de suite qui c'est, je vais aller le voir, lui aussi" vociférai-je avec feu.
"C'est mon père…."
Elle plaqua ses mains devant sa bouche pour dissimuler le fou rire qui lui était monté aux lèvres, et en voyant mon regard exaspéré, elle disparut dans le couloir en gloussant.
 
Toutefois, cet épisode embarrassant eut une conséquence positive : à partir de cet instant je ne l'ai plus appelée autrement que par son prénom. Puisque je ne voulais pas que quelqu'un d'autre que moi fasse preuve de familiarité avec elle, il était peut-être temps que je franchisse moi-même le pas.
 
Je ne tardai pas à constater, également, que la vie de Yoshiko était régie par nombre de règles très strictes édictées par ses parents qui, au final, lui laissaient très peu de liberté en dehors des heures de cours. Hormis pendant les périodes d'examen, où il lui était permis de rester étudier à la bibliothèque, et les jours où le Conseil des Elèves tenait réunion, il lui fallait rentrer chez elle directement après les cours, sans faire de détour par le centre commercial, ni par aucun autre de ces endroits que les filles affectionnent tant quand elles sont en groupe.
Pendant les vacances, il lui était permis de sortir avec ses amies durant la journée, à condition de rendre compte de son programme quasiment heure par heure. Elle avait également la permission de sortir certains samedis soir, mais elle était alors soumise à des heures de couvre feu qu'elle devait respecter scrupuleusement, y compris pendant les vacances.
 
Pour ma part, j'avais la chance d'avoir des parents très ouverts, et je me disais parfois que les siens devaient être très stricts et vraiment fort à cheval sur les convenances.
 
En réalité… avec le temps, il me sembla que ce trait de caractère s'appliquait à son père surtout. A chaque fois qu'il m'apercevait devant sa maison quand je raccompagnais Yoshiko chez elle, il me lançait un regard ulcéré assez effrayant. A le voir ainsi, je me disais souvent que la nature de ses sentiments à mon égard ne faisait guère de doute… "humpf, encore ce vaurien ! Je parie qu'il n'a qu'une idée en tête : détourner ma fille de ses études dans le but unique de la dévergonder !" telle était la pensée qui se lisait en permanence sur son visage, et cela ne changea jamais au cours de nos trois années de lycée, ni même après, d'ailleurs.
 
En revanche j'avais rencontré sa maman au conbini à plusieurs reprises (oui, car quand je n'étais pas à l'école, ma mère et ma sœur avaient pour passe-temps favori de m'envoyer faire les courses à leur place au conbini du quartier). A chaque fois, elle avait fait preuve d'une gentillesse et d'une douceur exquises.
Oui, pas de doute, ça devait être son père qui avait instauré ces règles draconiennes.
 
Yoshiko respectait beaucoup ses parents et s'y pliait sans mot dire, néanmoins elle semblait assez déconcertée par cette soudaine sévérité.
"J'avais plus de liberté avant de partir aux Etats-Unis. Et même quand nous étions là-bas, ils me laissaient faire tout ce que je voulais... Ce doit être parce que je suis entrée au lycée. Je dois travailler beaucoup plus dur, à présent, c'est normal…. Ou alors, la criminalité New Yorkaise les a vraiment beaucoup impressionnés !", me disait-elle parfois avec un demi-sourire.
 
Tant de rigueur nous privait évidemment de beaucoup de moments qui auraient pu être passés ensemble, d'autant que nos occupations extra-scolaires mutuelles ne nous en laissaient déjà que fort peu. Mais globalement on le prenait avec beaucoup de philosophie, aussi bien elle que moi.
Ce n'était pas trop grave, puisque, fréquentant le même lycée, on pouvait malgré tout se voir à longueur de journée. Il n'était pas rare que l'on se retrouve rien que tous les deux pour la pause déjeuner, et quand elle le pouvait, le soir, elle restait étudier jusqu'à tard à la bibliothèque, ou bien j'écourtais volontairement mon entraînement, pour qu'on puisse faire le trajet vers chez nous ensemble.
 
Parfois même, d'ailleurs, on dérobait quelques minutes délicieuses sur le trajet du retour… et les parents ne s'en doutèrent jamais.
 
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Et puis… vint cette chaude soirée de juin, au cours du premier trimestre de notre deuxième année de lycée, peu de temps avant les vacances d'été.
 
On était allés au cinéma ensemble, et je l'avais raccompagnée chez elle en empruntant notre "trajet habituel", c'est-à-dire en passant par le petit jardin d'enfants qui, comme de juste, était toujours rigoureusement désert à cette heure là. Quand on sortait, c'était souvent avec la même bande d'amis, c'est la raison pour laquelle bien souvent, on aimait à passer un moment tous les deux dans cet endroit isolé après nos soirées ensemble, simplement pour discuter à l'aise, ou encore pour avoir l'occasion de partager des moments un peu plus intimes, avant de nous séparer et rentrer chacun chez nos parents.
 
Ce soir-là, nous y étions restés particulièrement longtemps. Ses parents étant sortis pour la soirée, elle ne risquait donc pas la sérénade que son père lui servait habituellement lorsqu'il lui arrivait de laisser passer l'heure du couvre-feu. Quant à mes parents, grâce à Dieu ils étaient beaucoup plus tolérants que les siens.
 
Assise sur le petit mur servant d'enceinte au jardin d'enfants, Yoshiko me dépassait d'une bonne tête. J'étais debout tout contre d'elle, mon visage niché dans son cou, mes bras enserrant sa taille. Tout en riant aux éclats, je l'écoutais me raconter comment Oda draguait Machida ces derniers temps, à la grande consternation de cette dernière. J'étais stupéfait. Lui alors, il ne m'avait rien dit !
"Mais enfin, il l'a encore draguée toute la soirée, ce soir, tu n'as rien vu ?"
Diantre, non, je suis vraiment irrécupérable.
 
Elle s'interrompit à un moment donné, sans raison apparente, et sembla regarder l'heure. J'allais lui demander si elle n'était pas fatiguée, car il commençait à être tard, mais, tout en baissant son visage vers le mien, elle chantonna doucement à mon oreille.
 
"Joyeux anniversaire…"
 
Je levai la tête vers elle en la gratifiant d'un regard sûrement très interrogateur, puisqu'elle me dit :
 
"Eh bien, ça y est, il est minuit. Nous sommes le 21. Joyeux anniversaire, Capitaine !"
 
Et, nouant ses bras autour de mon cou, elle se pencha vers moi et me donna un baiser très tendre.
 
"Oh, c'est vrai. Merci d'y avoir pensé."
 
L'air malicieux, elle eut l'air de me toiser un peu.
"Tu veux ton cadeau ?"
 
"Mon cadeau ?… parce que tu as pensé à prendre un cadeau avec toi ?"
 
Elle se pencha à nouveau, et très doucement, en articulant chaque mot, elle murmura :
"Je n'ai pensé qu'à ça, récemment."
 
En éloignant un peu mon visage du sien, je la dévisageai longuement, ne voyant pas trop où elle voulait en venir.
 
Quoi qu'il en soit, il y avait quelque chose d'agréablement intoxiquant dans sa manière de murmurer les mots ainsi, un par un, doucement, très près de mon oreille.
 
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Il devenait de plus en plus évident que, aussi bien elle que moi, nous avions grandi.
Je venais donc - à l'instant - d'avoir 17 ans, elle les aurait dans quelques semaines. Nous étions ensemble depuis presque deux ans à présent, et on avait dépassé, depuis quelques temps déjà, le stade des amours innocentes et presque enfantines du collège. Même si j'adorais toujours autant lui tenir la main en rentrant du lycée, récemment, nos baisers lorsque nous étions seuls s'étaient faits plus chauds, plus profonds, nos caresses plus fiévreuses, nos étreintes plus sensuelles.
 
Et je brûlais d'envie d'elle.
 
Je me demandais souvent s'il en allait de même pour elle.
Quand venait pour moi le moment de mettre fin à un baiser trop brûlant parce que, clairement, il me devenait trop difficile de me contrôler, j'avais l'intime conviction que c'était aussi déchirant pour elle que pour moi.
Mais je l'aimais et la respectais infiniment trop pour envisager de la presser ou lui imposer quoi que ce soit, et sur ce chapitre là encore moins qu'autre chose.
Ca arriverait quand ça arriverait, et le fait d'être deux à en avoir envie était vraiment important pour moi.
 
Tout en écartant doucement une mèche de cheveux qui lui tombait dans les yeux, je lui répondis en souriant :
 
"Très bien, alors, où est-il, ce cadeau ?"
 
Elle poussa un minuscule soupir, et sauta au bas du mur pour me faire face avec un drôle de petit sourire. Son expression était grave, et pourtant un brin narquoise.
 
"Devant toi."
 
Je baissai la tête vers elle, intrigué.
 
"C'est quoi ?"
Comme elle ne répondait rien, je plongeai promptement mes mains de chaque côté de sa petite veste d'été, fouillant l'intérieur de ses poches à la recherche d'un petit paquet qu'elle aurait pu y dissimuler, mais toutes deux étaient vides, à l'exception d'un petit mouchoir.
 
"Bon, c'est pas drôle, là." bougonnai-je en lui adressant une moue dépitée.
 
Elle eut un soupir las.
 
"C'est toi qui es pas drôle. Tu comprends rien ou quoi ?"
Elle baissa la tête, les joues en feu. Effectivement, je ne comprenais strictement rien à ce qu'elle essayait de me dire, mais ne pus m'empêcher de penser que ce petit air contrit la rendait plus que ravissante.
Je levai doucement son visage vers le mien, mais elle baissa les yeux à nouveau.
 
Puis, très bas, rougissant de plus belle, elle murmura :
 
"C'est moi ton cadeau, baka."
 
Nerveusement, elle se mit à tripoter le bas de ma veste.
 
"Ecoute, je ne vois pas où tu v-"
 
"Matsuyama-kun…" elle leva vers moi des yeux un peu appréhensifs. "C'est juste une manière un peu tordue de te dire que je suis prête… à franchir le pas…. avec toi."
 
"Qu-qu… pardon ?"
Et ce fut là tout ce que je parvins à articuler, le choc m'ayant coupé le souffle.
 
A nouveau, je l'obligeai à relever la tête vers moi, et entreprit de sonder son regard, plongeant dans ses pupilles larges et dilatées par l'obscurité ambiante, en vue d'y discerner le signe qu'elle était bel et bien entrain de me faire marcher.
 
Mais cette fois-ci, elle ne cilla pas et me rendit mon regard, droit dans les yeux.
 
"Je suis sérieuse."
 
Et, avec un sourire mal assuré, elle poursuivit :
"Je prends la pilule depuis la rentrée."
 
Elle ne m'en avait rien dit, évidemment…
 
"Mais…Yoshiko…"
 
Un million de questions me traversaient l'esprit, à tel point que je ne savais pas par où commencer.
 
"mais… tu te sens réellement prête pour ça ? Tu es sûre que c'est ce que tu veux ?"
 
"J'en suis certaine. Et j'en ai très envie... " dans ses yeux brilla soudain une lueur inquiète. "Matsuyama-kun… qu'est-ce qui se passe ?"
 
Toujours un peu secoué, je n'arrivais pas à proférer une seule parole et sans mot dire, je l'ai regardée.
 
"Est-ce que tu n'en as pas envie ?" reprit-elle, en agrippant la manche de mon T-shirt.
 
"Tu sais bien que si."
 
"Alors dis-le moi. Dis-moi que tu veux bien de moi."
Son regard était magnifique, empli d'une gravité, d'une détermination et d'une force que je lui avais rarement vues, même s'il m'était plusieurs fois arrivé de soupçonner que, derrière cette fragilité apparente et cette innocente réserve, se cachait en fait une hardiesse presque insolente.
 
"Yoshiko…"
 
"C'est à toi que revient le choix. Tu te souviens, je t'avais dit qu'en tant que membre du Conseil des Elèves, je faisais partie du comité en charge du voyage des deuxième année à Kyoto, le mois prochain ? Eh bien, en fait… Il me sera aisé, en tant que telle, d'organiser des sorties pour les élèves le soir, auxquelles je pourrai me soustraire au dernier moment. Si tu veux bien attendre jusque là, alors je crois qu'on pourra vivre quelque chose de vraiment joli ensemble."
 
"Mais, ajouta t'elle en se pelotonnant doucement contre moi, si tu veux ton cadeau d'anniversaire tout de suite, alors tu es libre d'en profiter dès ce soir. Mes parents sont à Hakodate pour un mariage et ne rentreront pas avant demain midi. Je leur ai dit que j'étais chez Machiko, ce soir"
 
La surprise m'avait rendu muet. Heureusement, car cela me laissa le temps de réfléchir au lieu de répondre d'office ce qui m'était, forcément, venu à l'esprit naturellement.
 
Mais même si j'en avais très envie, et ce soir peut-être encore plus que d'habitude, je savais confusément que ma première fois avec elle devait être un moment sacré. Un moment dont on aurait envie de se souvenir notre vie durant. Et quelque chose me disait que si je lui avais demandé son avis, c'est aussi ce qu'elle aurait préféré.
 
"Qu'est-ce que tu choisis ?"
 
Alors, j'ai réfréné mon désir pour elle, et je lui ai souri.
 
"Je vais attendre. Moi aussi, je veux que ce moment soit beau."
 
Elle a niché son visage dans ma poitrine, et j'ai refermé mes bras et mes yeux sur elle.
J'étais juste heureux qu'elle soit là.
 
 
 
Notes de l'auteur :
 
*survole les notes du chapitre 11*
 
ano ne, mina-sama… je crois qu'il va falloir que je revoie le rating de cette histoire à la hausse… ;)
 
 
1) konya wa, mongen ga arimasen pas de couvre-feu, ce soir.
 
2) White day (howaito dee) : c'est le contrecoup de la Saint Valentin ! Le 14 mars, c'est au tour des garçons de faire un petit présent aux filles…
 
3) Pour sotsugyô (la cérémonie de fin d'année) il est de coutume pour les garçons, aussi bien au collège qu'au lycée, d'offrir à la fille dont ils sont vraiment amoureux le deuxième bouton de leur uniforme (gakuran) en partant du haut (parce qu'on dit que c'est celui qui est le plus près du cœur).
Parfois, les filles prennent les devants et en font elle-mêmes la demande au garçon dont elles sont secrètement amoureuse (c'est un moyen comme un autre de déclarer ses sentiments). En effet, la superstition veut qu'une fille qui arrive à se procurer ce bouton verra le garçon qu'elle aime l'aimer en retour ! Pour cette raison, certaines filles, particulièrement parmi les classes les plus jeunes, donneraient n'importe quoi pour avoir celui du garçon de leur rêve…. C'est pourquoi, pour sotsugyô, il y a une petite phrase qui revient souvent : "senpai, dai ni botan wo kudasai !" ;D
 
4) On fête Noël au Japon, bien entendu, mais la fête n'a pas la même connotation familiale ni même religieuse qu'en occident (et pour cause, le Japon n'étant pas un pays catholique). En réalité, Kurisumasu se fête un peu comme Saint Valentin en France, c'est à dire qu'on le fête en amoureux, la plupart du temps.
 
5) omikuji : ce sont des prédictions écrites sur de petits billets pliés que l'on tire au sort dans les sanctuaires shinto (on en trouve aussi dans les temples bouddhiques). On y a recours à de multiples occasions, mais notamment pour le nouvel an. Elles prédisent si la personne a des chances ou non de voir ses rêves et ses projets se réaliser, si elle trouvera l'âme sœur, et puis généralement la santé, la fortune, la vie, etc.
 
6) A la Saint Valentin (barentain dee) les filles (et pas seulement les écolières) ont pour habitude d'offrir du chocolat au garçon qui leur plait. En fait, la coutume veut qu'elles en offrent aussi à ceux dont elles ne sont pas amoureuses mais dont elles se sentent proches pour une raison ou une autre (patron, collègues de bureau, amis, frères, oncles, etc). On appelle cela “giri choko” ou bien "tomo choko".
Le chocolat "sérieux" - celui que tous les garçons souhaitent recevoir, en secret - lui, on l'appelle “honmei choko”.
 
7) furisode : kimono de cérémonie que portent les jeunes filles qui ne sont pas encore mariées. On les reconnaît à leurs manches, longues et tombant jusqu'au sol.