Captain Tsubasa Fan Fiction ❯ I know her by heart ❯ Chapitre 12 ( Chapter 12 )

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Chapitre 12 _ juu yon sai no natsu, watashitachi wa…*




Mon yukata me gênait. Il était bien trop ajusté, et m'empêchait de marcher aussi vite que je l'aurais voulu.
Au mépris de toutes les convenances, je relevai un peu le bas pour pouvoir faire de plus grands pas. Il n'y avait personne pour me voir faire, et de toutes façons je m'en fichais bien.
Papa, Maman, pardon. Vous ne seriez sans doute pas très fiers de votre chère et innocente petite fille si vous pouviez la voir ce soir.
Je ne souhaitais qu'une chose, rejoindre ce garçon que j'aimais de toutes mes forces.
Pour qu'il éteigne le feu qui brûlait en moi depuis une certaine journée d'été…
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J'ai conscience d'être tombée amoureuse de lui bien avant que lui ne me remarque.
Mais je sais aussi, parce qu'il me l'a avoué un jour qu'il était d'humeur espiègle, qu'il m'avait remarquée avant que je ne lui avoue mes sentiments pour lui.
A présent que je sais cela, il m'arrive parfois de me demander à partir de quel moment, exactement, nos sentiments ont été réciproques…
A l'époque où j'étais la manager de l'équipe, il m'arrivait fréquemment de devoir soigner les petits bobos des joueurs. J'avais souvent affaire à lui, car plus que quiconque, notre Capitaine avait pour habitude d'accumuler les plaies et les bosses au cours de l'entraînement et pendant les compétitions.
Nous n'étions encore qu'au collège, mais déjà il était fort bien proportionné. Ses activités sportives quotidiennes et intenses avaient rendu son corps robuste et athlétique, et la plupart du temps, être amenée à soigner ses petites égratignures me causait beaucoup d'émoi. Mes mains tremblaient tellement, que je faisais tomber tout ce que je saisissais ; cela allait des compresses aux pansements, les flacons de désinfectant, les bandes... Bien qu'il ne se rendît jamais compte de la cause réelle de mon trouble, ma gaucherie l'amusait beaucoup, et il me disait souvent en plaisantant qu'il n'existait probablement personne de plus maladroit que moi au monde.
Un après-midi d'été, j'étais occupée à faire un peu de rangement, seule dans le local du club de foot, quand un joueur blessé vint me trouver pour réclamer des soins. C'était lui. Cette fois-ci, j'avais à soigner une entaille assez profonde sur l'avant de son bras, juste au-dessous de l'épaule. Il y avait du sang partout, mais lui riait, avec cette insouciance joyeuse qu'il affichait souvent quand il se blessait.
"Hahaha ! Je me suis bien abîmé, cette fois-ci, hein !"
"Où Machiko a-t-elle bien pu ranger la trousse de premiers secours ?" marmonnai-je, en fouillant dans tous les placards du local. "Ah, voilà, dans ce tiroir. Voyons, ce n'est pas drôle, Capitaine. Mon dieu, tout ce sang."
"Ah, mais c'est plus impressionnant que ça ne l'est réellement, tu sais." répondit-il avec philosophie, en se grattant la tête avec un embarras non feint.
"Assieds-toi ici. Je vais nettoyer ça. Qu'est-ce qui t'est arrivé ?" fis-je en lui tendant une chaise, agacée par son attitude irréfléchie.
Son mépris total du danger finirait par lui attirer des ennuis physiques beaucoup plus graves qu'une simple entaille, s'il persistait ainsi dans son inconscience.
"Je me suis blessé comme un débile en voulant faire un arrêt. Hahaha ! "
"Il n'y a pas de quoi rire, Matsuyama-kun. C'est une bien vilaine blessure. Voyons ça…"
Je pris place sur un tabouret près de lui, et entrepris de nettoyer sa plaie avec une compresse humide, pendant qu'il me racontait par le menu les exploits à l'origine de cette nouvelle blessure.
A vrai dire, j'étais un peu intimidée par cette proximité.
C'était loin d'être la première fois que je le soignais et donc que je l'approchais d'aussi près, mais… cette fois-ci eut une saveur particulière.
Cela tenait peut-être au fait que nous étions seuls tous les deux dans cette pièce, je ne sais pas.
Mes mains effleuraient son bras et, affolée par l'agitation que me procurait le contact de ma peau sur la sienne, le cœur battant fort, je m'efforçais de faire bonne figure, riant à ses blagues et répondant ce qu'il fallait au bon moment. Mais en réalité, je ne pensais qu'à une chose : il me fallait absolument dominer cette agitation traitresse, qui s'était emparée de moi sans crier gare.
Mais le Capitaine était si musculeux, si mâle, si plein de vigueur… j'avais terriblement chaud, mon esprit battait la campagne dès lors que je le touchais, et je m'en voulais de ressentir si fort ce qui, pour lui, ne relevait probablement que du plus chaste contact amical (voire médical, en l'occurrence).
Je finis de nettoyer le sang sur son bras en passant doucement la compresse humide sur sa peau, tout autour de la blessure. Occupée que j'étais à me sermonner en pensée pour mon manque absolu de calme intérieur, je ne m'aperçus absolument pas que de son côté, depuis une poignée de secondes, l'objet de mon adoration semblait lui même en proie à un certain trouble.
"…et là j'ai… j'ai trébuché sur le bord du terrain, et je… je…"
Il n'alla pas plus loin.
Immobile, une expression assez interloquée sur son visage, il regardait fixement devant lui, et semblait pétrifié.
Il avala sa salive bruyamment. Mais il resta silencieux.
Un peu surprise, je levai les yeux de mon ouvrage pour le regarder avec interrogation, mais il avait détourné les yeux.
Se pourrait-il que… est-ce que… est-ce que cette proximité le troublerait aussi ?

Allons bon, Yoshiko, voilà autre chose. Tu délires, à présent. Génial, décidément on n'arrête plus le progrès.
"Je…euh, je vais chercher du désinfectant à l'infirmerie, il n'y en a plus dans ce kit de secours." lui dis-je, en m'efforçant de maîtriser le tremblement de ma voix.
"A- Attends…Fujisawa…"
Il y avait une certaine urgence dans le ton de sa voix, qui me figea sur place.
"Ou-oui ?"
Il sembla chercher ses mots.
"Je suis désolé d'accaparer ainsi ton temps, à chaque fois... J'essaierai d'être plus prudent à l'avenir." ajouta-t-il, en m'adressant un sourire à faire fondre le pôle Nord.
Prudent ? Lui ? La bonne blague. Autant demander à la neige de ne pas tomber en hiver.
Il redevint sérieux.
"Mais quoi qu'il en soit, Fujisawa… Je voulais te remercier de toujours si bien prendre soin de…euh, de…
"de prendre soin de moi" ? Est-ce que c'est ce qu'il allait dire ? Le cœur battant à tout rompre, incapable de lever la tête et d'affronter son regard, j'attendis.
"…de… notre équipe."
Ah… évidemment.
Ma désillusion fut telle, qu'elle me donna le courage de lever enfin les yeux vers lui.
Et là, la surprise me coupa le souffle.
Il me regardait dans les yeux. Il y avait un je ne sais quoi de fort téméraire dans son regard, et je vis distinctement ses joues s'empourprer légèrement.
"Merci de toujours si bien prendre soin de moi..." Oui, c'est bien ce que tu as voulu dire, j'en suis sûre maintenant. Je ne m'étais pas trompée.
"Matsuyama-kun…"
La porte du local s'ouvrit brusquement à ce moment là, nous faisant sursauter l'un et l'autre.
Un joueur de l'équipe, venu prendre de ses nouvelles de son Capitaine, nous rejoignit dans la pièce, et presque aussitôt, le monde reprit ses contours normaux. Le brouhaha des élèves dans la cour, le cri strident des cigales me parvinrent de nouveau, mon coeur se calma et recommença à battre calmement.
Il s'était passé quelque chose d'inhabituel à l'instant, mais quoi que ce fût, la magie s'était évaporée.
Cependant… quelque chose de vivant, de presque primitif, était passé entre nos deux corps ce jour-là, se propageant de l'un à l'autre comme une onde électrique, et pour la première fois, nous en avions eu conscience tous les deux.
On avait seulement 14 ans, cet été-là, mais on l'avait ressenti avec autant d'acuité que si on avait été adultes.
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A l'évocation de ce souvenir, je sentis le sang affluer à mon visage. Et, en frémissant, le corps et l'esprit tourmentés par tant de convoitise trop longtemps muselée, je me suis immobilisée, j'ai laissé retomber l'étoffe de mon yukata, et j'ai levé les yeux.
Je me trouvais face à l'entrée du ryokan.
L'émotion me serrait le cœur, mais c'était une sensation agréable, électrisante.
Et en souriant, je franchis la porte.

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Note de l'auteur (qui s'amuse beaucoup XD) :
1) L'été de nos 14 ans…